Escalade d'Israël : le Liban coupé du monde
Si certains s'apprêtent à participer aux festivités du 14 juillet, la situation est loin d'être semblable au Moyen-Orient ou l'escalade devient même préoccupante.
Israël menace désormais d'éliminer le chef du Hezbollah, alors que, réunis autour d'Olmert, les principaux chefs des services de sécurité israéliens ont pris la décision d'intensifier les opérations sur le Liban, dont les ports sont déjà soumis de facto à un blocus maritime par l'Etat juif.
L'aviation israélienne a bombardé des ponts et des routes dans les faubourgs sud de la capitale libanaise, majoritairement chiites, visant avant l'aube un quartier où se trouve le siège du commandement du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth. Israël avait frappé jeudi l'aéroport de Beyrouth et deux autres aérodromes militaires, ainsi que des ponts et des maisons dans le sud du Liban et un pont menant au seul aéroport international du pays. Ces violences sont les pires depuis 1996 entre Israël et le Liban.
I – La menace contre sur le chef du Hezbollah se précise
Le ministre israélien de l'Intérieur Ron Bar-On a menacé vendredi de mort le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, annonçant à la radio qu'il avait lui-même "tranché son destin". "Nous règlerons le moment venu nos comptes avec lui", a-t-il ajouté.
Le ministre de la Justice Haïm Ramon a déclaré pour sa part à la radio militaire qu'Israël lutterait contre le Hezbollah par les mêmes moyens que ceux "utilisés par les Américains contre Oussama Ben Laden", le chef du réseau terroriste Al-Qaïda responsable des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, ou par les Russes "face aux terroristes tchétchènes".
Le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, avait affirmé la veille que son pays voulait "briser" le mouvement chiite libanais, qui a enlevé deux soldats israéliens et en a tué huit mercredi à la frontière libano-israélienne.
Des avions israéliens ont lâché des tracts sur des quartiers de Beyrouth et certaines villes du sud du Liban afin d'inviter la population à se tenir à l'écart des locaux du Hezbollah.
II – Le Liban coupé du monde
Israël a bombardé vendredi matin le sud de Beyrouth, après l'ordre donné par le Premier ministre israélien Ehud Olmert d'intensifier les opérations militaires contre le Liban en représailles à la capture de deux soldats israéliens mercredi par le mouvement chiite libanais. Le Liban se retrouve ainsi quasiment coupé de tout lien terrestre, maritime et aérien avec le monde extérieur à la suite des opérations israéliennes.
L'aviation israélienne a bombardé des ponts et des routes dans les faubourgs sud de la capitale libanaise, majoritairement chiites, visant avant l'aube un quartier où se trouve le siège du commandement du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth. Selon le porte-parole de l'armée, le général Miri Regev, les appareils auraient uniquement visé le poste de garde du complexe du commandement du Hezbollah dans le banlieue de Beyrouth.
Les bombardements ont également été dirigés contre plusieurs ponts dont certains ont été détruits dans ce secteur, après un survol intensif de la capitale libanaise. L'attaque a également visé un dépôt de carburant à la périphérie de Beyrouth. Peu de temps auparavant, des raids israéliens ont entraîné la fermeture du principal axe routier reliant Beyrouth et Damas.
La centrale électrique de Jiyé, à quelque 25 km au sud de Beyrouth, a aussi été touchée dans la nuit de jeudi à vendredi par des bombardements israéliens, a annoncé la police libanaise. L'aviation israélienne a également bombardé vendredi matin une base du mouvement palestinien pro-syrien FPLP-CG dans la plaine libanaise de la Bekaa.
III – Bilan préliminaire des victimes et dégâts
Un bilan préliminaire ferait état d'"au moins cinquante blessés civils" suite aux raids israéliens de vendredi matin sur la banlieue sud chiite de Beyrouth.
Au total, les raids israéliens au Liban ont fait 50 morts, dont 46 jeudi, et 150 blessés dans la population civile depuis mercredi, date du déclenchement des opérations israéliennes. On ignore si les derniers raids aériens, qui ont surpris les habitants de Beyrouth dans leur sommeil, ont fait des victimes. D'après la chaîne de télévision du Hezbollah, ces frappes auraient fait au moins deux morts et 17 blessés. Des flammes et de la fumée s'élèvent du sud de Beyrouth, où se trouvent les locaux du Hezbollah, qui ne semblent toutefois pas avoir été touchés. Les pompiers luttent pour leur part contre l'incendie déclenché par la frappe sur le dépôt de carburant.
Le Hezbollah a de son côté tiré plus de 120 roquettes sur Israël jeudi, a affirmé l'Etat juif, qui a signalé deux civils tués et 95 autres blessés. Deux missiles se sont abattus jeudi sur Haïfa, troisième ville d'Israël située à une trentaine de kilomètres de la frontière libanaise. Israël a imputé cette attaque au Hezbollah, qui a démenti.
IV – Réactions internationales
Ces violences sont les pires depuis 1996 entre Israël et le Liban. L'Etat juif occupait encore alors le sud du Liban, dont il s'est retiré en 2000.
Face à cette escalade, le Conseil de sécurité de l'Onu doit se réunir en urgence vendredi. Le président américain George Bush a déclaré jeudi qu'Israël avait le "droit de se défendre", tout en exprimant ses craintes pour l'avenir du gouvernement libanais. Sa secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, a invité Israël à la retenue. Elle a aussi invité la Syrie à exercer des pressions sur le Hezbollah, soutenu par Damas.
L'Iran a pour sa part prévenu qu'une attaque israélienne contre la Syrie serait perçue comme une offensive contre l'ensemble du monde islamique. Outre ses opérations au Liban, Israël est également engagé dans une intervention dans la bande de Gaza, où un autre de ses soldats a été enlevé par des activistes palestiniens le 25 juin. Un Palestinien a été tué vendredi par un obus tiré par un char israélien dans la bande de Gaza, ont rapporté des médecins palestiniens.
L'Union européenne a jugé jeudi "disproportionnée" l'opération militaire lancée par Israël au Liban après l'enlèvement mercredi de deux soldats israéliens par le Hezbollah et dénoncé le blocus imposé par l'Etat hébreu sur le Liban.
"La présidence de l'Union européenne est très préoccupée par le recours disproportionné d'Israël à la force au Liban en réponse aux attaques du Hezbollah sur Israël", a indiqué la présidence finlandaise de l'UE dans un communiqué. "L'imposition d'un blocus maritime et aérien sur le Liban est injustifié", a ajouté la présidence en regrettant "la mort de civils et la destruction d'infrastructures civiles".
L'UE met en garde contre toute "action contraire au droit humanitaire international" susceptible "d'aggraver le cercle vicieux de la violence et des représailles et qui ne saurait servir les intérêts sécuritaires légitimes de quiconque".
La présidence finlandaise réitère son appel au Hezbollah à libérer les soldats israéliens "immédiatement et sans condition" et à mettre fin aux attaques contre l'Etat hébreu. Elle demande enfin à "tous les pays de la région de travailler au rétablissement du calme afin d'éviter une escalade supplémentaire de la situation jusqu'à un état de guerre".
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