Lettre : Bordel en france

Tiens, puisqu'on en est aux ANONIMES, voici la rubrique de Wikipedia : Violences urbaines de 2005 en banlieue française.

Voilà 2 points de vue mis en parallèle :

Libération a écrit:

Banlieues. Amar Henni a été éducateur dans les cités pendant vingt ans :
«J'aurais voulu que ces gamins soient organisés politiquement»

Par Jacky Durand - samedi 05 novembre 2005

Amar Henni a été éducateur dans les cités durant vingt ans et forme aujourd'hui des travailleurs sociaux. Il est l'auteur de Cités hors la loi, la jeunesse invente ses règles (Editions Ramsay). Interview.

«Depuis vingt-cinq ans, les jeunes ont construit leur langage, leur lecture du monde. De génération en génération, ils se sont transmis des mots, des rites, des codes, des principes. De Lille à Marseille, ce langage existe dans les quartiers populaires. Si on ne part pas de ce postulat, on ne peut comprendre les cités. Il existe un fonctionnement autour de la réputation et de l'honneur. Ces deux notions organisent des vies dans la cité. A Clichy-sous-Bois, deux enfants sont morts et une bombe lacrymogène a atterri sur un lieu de prière. On a touché aux familles. D'où les incidents. Là-bas, les gens sont dans un processus de rappel, à la justice, à la dignité. Ils sont dans la question de l'honneur, pas de la réputation. Ils disent: "Vous ne nous traitez pas comme ça, on n'est pas vos chiens."

«Les gamins qui étaient en colère étaient dans cette logique d'honneur à Clichy-sous-Bois. Depuis, c'est autre chose qui se joue dans les autres banlieues, où les jeunes sont dans la réputation de leur cité, de leur quartier, du 9-3, même si, hors de leur cité, ils ne savent pas ce que c'est que le 9-3. Ce volet de la réputation s'est joué depuis tous ces mois où Nicolas Sarkozy est venu dans les quartiers et a provoqué les jeunes en les assimilant tous à des voyous. Que quelques gens délirent, fassent du trafic, c'est un fait, mais mettre tous les jeunes dans le même sac, c'est une erreur énorme. Le ministre de l'Intérieur a défié les jeunes sur leurs territoires, il a utilisé comme eux la joute verbale. Il les traite de "racaille", il fait venir les caméras. Il les défie sur un rapport de force. Les gamins sont dans la logique du "Qui va gagner ?" Ils font des concours sur l'Internet où ils disent: "Telle ville, on a brûlé tant de voitures et vous combien chez vous ?"

«Défier Sarkozy, pour eux c'est un capital réputation important. Attaquer le bus, brûler un magasin, c'est faire parler d'eux. Plus c'est gros, plus leur capital monte. Trois mois de prison, ce n'est pas cher payé pour eux parce qu'ils se disent qu'ils vont augmenter leur capital. Evidemment que c'est dégueulasse de brûler les voitures des pauvres. Moi, j'aurais voulu que ces gamins soient organisés politiquement pour emmerder le monde autrement qu'en brûlant des voitures et pas que ce soient les gens de leur condition sociale qui paient. Etre dans la question de la réputation, c'est n'importe quoi, ça n'aide en rien, ça ne construit rien.

«C'est pour ça qu'il faut aider ces gamins à sortir de ces codes-là. Ça nécessite beaucoup de travailleurs sociaux, d'accompagnement, d'autres politiques. Il faut aussi se poser la question du pourquoi. Il ne suffit pas de dire que ce sont des voyous. Il y a plein de ministres de l'Intérieur qui l'ont dit avant Sarkozy depuis vingt ans et ça n'a rien changé.»

DTC2 sur LinuxFr a écrit:

Posté par le 06/11/2005 à 17:44.

Ces émeutes me laissent interrogateur.

La surmédiatisation des émeutes attise la révolte. Le mouvement s'autoalimente. Qui est coupable de cette effet boule de neige ? Les médias ? oui. En haut de la liste, même. En gras souligné.
Les politiques ? oui. Polémiquer pendant 1 semaine sur le terme "racaille", c'est jouer avec le feu, donner plus d'importance aux mots qu'ils n'en n'ont intrinsèquement. Haaaa, après 10 jours, il y aurait un consensus d'apaisement. Enfin.
Les policiers ? mettre une grenade aux abords d'une mosquée (même si extérieurement ca ne ressemblait pas à une mosquée), c'est pas hypermalin. Mais bon, c'est la médiatisation encore une fois qui à mis le feu aux poudres. Et puis ce sont eux qui sont en premiere ligne, il ne cherchent finalement qu'à restaurer la paix.
L'"islamisation" ? Pfiou, un prétexte des médias. Les gens qui brûlent des voitures n'en n'ont rien à carrer de l'islam. Les fameux imams qui appelent au calme n'ont pas plus d'effet qu'un curé demandant l'appaisement aux syndicaliste de la sncm. Non, ce sont des émeutes laïques à la Française.

Les quartiers ? C'est moche, les ascenceurs sont en panne, y a pas de boulot, c'est mal famé... Forcément ca met en rage.
Les gangs ? Il y aurait une course aux territoires, comme dans GTA, comme dans les émeutes aux USA, comme dans les films américains (mais non, ca ne peut pas arriver en France, c'est trop bien la France) ? Ce mouvement de grande délinquance, qui existe depuis des années, connu de la DST, et du grand public ? C'est très probable.

Mais bordel, le principal coupable c'est la connerie humaine. Au nom de quoi on brule des milliers de voitures, des commerces, des bus (avec des gens dedans). Au nom de quoi on caillasse des pompiers, on tire à balles réelles sur des policiers ? Au nom de quoi des mômes de 12 ans jettent des pierres, brûlent des écoles ?
En ego surdimensionné des bandes de quartiers, qui cherchent à getthoïser leur territoire ?

Une émeute qui détruit un quartier, qui coute des millions d'€ de dégats, qui terrorise une population, qui chasse les entreprises, c'est au delà de la connerie. In fine les émeutes ne pourront pas gagner. Donc ces quartiers s'autodétruisent.
Et là où on marche sur la tête, c'est que quand des gens cherchent à améliorer le cadre de vie de certains quartiers, il arrivent à se faire tabasser à mort.

Faillite d'un système. Ca couvait depuis 10 ans. Ca me débecte.
Le pire, c'est qu'avec ça, les extrêmes se frottent les mains.
Et dire qu'on se gargarisait des problèmes des autres pays. Pan dans ta face.

Voici un constat intéressant bien construit sur le site de Framasoft.net :

galawa a écrit:

Bonjour,

15 ans à l'étranger, 5 ans dans les banlieues à Paris, 20 ans dans les banlieues à Lyon...je peux comparer.

Le problème est rémanent depuis bien longtemps, et je crois que la violence exprimée aujourd'hui n'est ni plus ni moins que le constat de plusieurs échecs :

1.Les politiques n'ont jamais traité le problème
Ils ont plutôt effectué du replâtrage; donnant quelques subsides par ci ou par là, afin de repeindre des bâtiments ou de planter quelques arbres.
Jamais il ne leur est venu à l'idée que la "France d'en bas" (je trouve cette expression d'un mépris...) se trouvait vraiment dans une mouise inimaginable, et qu'un jour où l'autre n'importe quel prétexte ferait remonter le malaise.
Pour m'être très souvent entretenu avec eux, je suis effaré de leur méconnaissance des quartiers et de leurs certitudes politiques, alors qu'il faudrait simplement écouter tous ceux qui sont confrontés quotidiennement à ces "zones sensibles" (éducateurs, associations, enseignants, commerçants, polices, etc...).
C'était le principe du "je prie très fort pour que ça ne pête pas"...bravo le résultat.

2.Les gens ne se sont pas impliqués
Pour avoir vu ce qu'il est possible de faire à l'étranger et ce qui se passe en France, je suis souvent interloqué quand j'entend des gens râler toute la journée et refuser de participer à quoi que ce soit ("pas le temps")...sans compter la lâcheté de beaucoup qui n'osent pas contrer les bandes qui les emm... toute la journée. Pour avoir porté plainte et avoir montré mon opposition à ceux qui avaient rayé ma voiture, j'ai pu constater que l'on pouvait se faire respecter (ils n'ont jamais fait autre chose à mon encontre).
Il ne faut pas non plus oublier les parents, qui ont complètement démissionné, préférant larguer leurs mômes dehors pour ne pas être dérangés devant la TV, plutôt que d'assumer et d'éduquer leurs enfants.
J'ai même vu donner des cours aux nouveaux parents (enfants de moins de 6 mois), afin de leur apprendre à dire "non"...on imagine le résultat 15 ans après.

3.Les jeunes se rebellent
Effectivement...mais je me demande jusqu'à quel point ce n'est pas une sorte de défouloir ludique où on s'amuse bien et (surtout) où on va pouvoir faire ch... la police.
Pour avoir discuté avec eux, je suis toujours surpris du décalage entre le discours revendicatif pour du travail, une vie heureuse, une intégration....et le "mais je pose mes conditions" (très bien gagner ma vie, pas trop se fatiguer, être patron, etc...). Peut-être avons-nous louper quelque chose en ne leur apprenant pas que la vie c'est pas tout rose et que le pognon ça ne pousse pas tout seul.
Et, ce que je trouve le plus grave, c'est que cela se passe dans tous les milieux sociaux (disons que la banlieu à moins de scrupules à l'exprimer).

4.Nous avons créé une société d'assistés
A force de donner, sans demander à recevoir, nous avons malheureusement habitué ces gens à ne plus savoir s'assumer.
Même s'il est effectivement très facile de tomber rapidement dans l'assistanat, il est tout de même anormal que rien ne soit fait en échange, et (surtout) aucun contrôle.
Je suis entouré de gens, qui COTOREP, qui arrêt pour dépression, qui au "chômage" ; qui prennent des vacances (jusuq'à 2 mois), travaillent au noir, achètent au noir (et donc entretiennent une économie souterraine), pour certains possèdent une maison à la campagne, d'autres vont au resto 2 fois par semaine, etc...
Quand comprendra t'on que ce n'est pas en balançant de l'argent par les fenêtres que l'on va résoudre les problèmes.
A la maison, les parents ne donnent pas des millions à leurs enfants comme argent de poche, ou alors demandent des travaux en échange...pourquoi ne pas garder le même principe ?

5.Nous n'avons pas assumé nos années de croissance
Il est fort facile aujourd'hui de reprocher à des immigrés d'être présents alors que nous les avons fait venir dans l'urgence, incapables que nous étions de gérer notre croissance.
Ce n'est pas en empilant à toute vitesse différentes cultures (en les tenant d'ailleurs de préférence à l'écart de la nôtre) que l'on permet à des gens de s'intégrer et de se sentir "Français".
Quand je vois le nombre d'anciens immigrés qui sont effondrés devant ce qui se passe, tout simplement parcequ'ils se sentent Français, même s'ils savent difficilement (voir pas du tout) lire ou écrire notre langue, je me demande bien comment nous avons pu louper le coche et ne pas profiter de ces gens qui ne demandaient qu'à s'intégrer dans notre société.

6.Nous n'avons pas su combattre les extrémistes
De tous bords, les extrèmes sont montés.
Nous les savions parfaitement, et je me pose la question jusqu'à quel point ces groupes politiques (ou pas) n'ont pas intérêt à attiser le feu...(qui a entendu l'extrême droite ? Elle doit jubiler....)
Je suis allé récemment à Marseille et j'ai été surpris de voir des gens ouverts, accueillants, ne mettant pas nécessairement en éxergue leurs croyances religieuses (je n'ai pas compté beaucoup de voiles...). Comparé à Lyon par exemple, le contraste est saisissant : on porte le voile comme une revendication, une opposition, pas nécessairement pour une croyance...d'où croyez-vous que ces influences proviennent ?

7.Nous nous sommes trop habitué à entendre les politiques
Il faudrait peut-être réapprendre à les écouter...et à bien faire nos choix.
Nous avons un pouvoir : celui des urnes (et croyez-mois, les politiques tiennent à leurs mandats comme à la prunelle de leurs yeux).
Quand on entend certains utiliser des termes par pure démagogie (suivez mon regard...) ou d'autres effectuer une "opposition constructive" (suivez mon autre regard), je trouve tout de même que les gens ont la mémoire courte et qu'ils devraient voter, non pas de manière "épidermique", mais de manière constructive.
Il est tout de même effarant que les lobby politiques et financiers fassent la loi, alors que sans nous, citoyens, ils ne sont rien !
De Gaulle nous a traité de moutons, il ne s'était finalement pas trompé...


Très honnêtement, je serais, dans un premier temps, pour un rétablissement de l'autorité "musclée" (j'ai connu des couvre feux et des patrouilles de nuit), histoire déjà de permettre aux gens de ces quartiers de retrouver leur tranquillité et de pouvoir vivre normalement...et de ne pas laisser l'image d'un état amorphe, incapable d'assumer son rôle (un de plus....).

Ensuite, il ne serait pas difficile (quoique...) de mettre en place des forums de discussion pour mettre les problèmes à plat et (enfin) pouvoir trouver de vraies solutions.

Mais je rêve, je rêve...désolé

Pas mal pas mal le post de DTC2

Je trouve aussi, ça explique mes propos sur ces jeunes ici. C'est vrai qu'il y en a d'assez cons pour croire qu'on peut faire carrière avec ce genre de hobby