Mort de Maskhadov : le parquet dément la version officielle
LEMONDE.FR | 01.04.05 | 13h16 • Mis à jour le 01.04.05 | 13h17
Le parquet général russe a affirmé, vendredi 1er avril, que le président indépendantiste tchétchène Aslan Maskhadov avait été tué par balles par ses compagnons d'armes à sa demande, démentant la version officielle selon laquelle il avait été tué par une explosion lors de l'assaut le 8 mars de sa cache.
"Maskhadov est mort de multiples blessures par balle, qui lui ont été infligées à sa demande par des individus se trouvant avec lui dans le bunker", a déclaré le procureur général adjoint Nikolaï Chepel lors d'une conférence de presse à Vladikavkaz.
Il a indiqué que toutes les expertises judiciaires avaient été achevées, et a confirmé que, conformément à la nouvelle législation antiterroriste russe, le corps ne serait pas rendu à la famille d'Aslan Maskhadov.
Le porte-parole de l'état-major des forces fédérales dans le Caucase du Nord, Ilia Chabalkine, avait affirmé, lors de l'annonce très médiatisée de la mort du leader séparatiste, qu'il avait été tué par l'onde de choc d'une charge explosive placée par les forces spéciales pour parvenir à le capturer dans un bunker souterrain sous une maison de Tolstoï-Iourt (nord de Grozny).
Le vice-premier ministre du gouvernement pro-russe de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, avait cependant laissé entendre que Maskhadov avait été tué par balle par l'un de ses gardes du corps.
Les trois compagnons de M. Maskhadov qui se trouvaient avec lui dans le bunker avaient été capturés vivants, selon la version officielle. Les télévisions russes avaient montré le corps du leader indépendantiste, une flaque de sang derrière la tête mais ne portant pas de blessure apparente. Un quotidien russe, Moskovskiï Komsomolets, a de son côté affirmé que le leader indépendantiste avait été capturé par les forces tchétchènes pro-russes, interrogé puis tué par balle, et son corps placé dans la cave de la maison de Tolstoï-Iourt pour une mise en scène.
UNE ÉLIMINATION DÉCIDÉE PAR LE PRÉSIDENT VLADIMIR POUTINE
La maison a été par la suite entièrement détruite à l'explosif par les militaires russes pour des raisons inconnues. Un site indépendantiste a affirmé dernièrement que son propriétaire avait été retrouvé mort après avoir été emmené par les forces spéciales russes. Les autorités ont de leur côté affirmé qu'il avait été arrêté pour interrogatoire et se trouvait en détention.
La presse russe a estimé que l'élimination d'Aslan Maskhadov n'avait pu être décidée que par le président Vladimir Poutine, craignant que les appels répétés du leader indépendantiste à la négociation et le cessez-le-feu unilatéral qu'il avait décrété unilatéralement en février 2005, dans la république séparatiste ne finissent par en faire "le leader d'un Sinn Fein tchétchène", dans une allusion à l'aile politique de l'IRA, l'Armée républicaine irlandaise.
Aslambek Aslakhanov, un général tchétchène nommé en 2003 conseiller du Kremlin, a de son côté relevé que l'élimination du leader indépendantiste empêcherait ce dernier de faire des révélations et de dire qui sont "les ordures qui ont commencé ce carnage, qui ont pillé cette république et ont apporté tant de malheurs à la Russie et à la Tchétchénie".
Avec AFP