La Turquie rejette les pressions européennes sur la question arménienne
LEMONDE.FR | 07.04.05 | 18h54 • Mis à jour le 07.04.05 | 18h54
A 9 heures par e-mail, recevez les titres du journal à paraître l'après-
midi. Abonnez-vous au Monde.fr
La Turquie rejette les pressions de l'Union européenne (UE) visant à lui faire reconnaître le caractère génocidaire des massacres d'Arméniens pendant la première guerre mondiale, a expliqué jeudi 7 avril le président turc, Ahmed Necdet Sezer. Il s'exprimait dans le cadre d'une conférence de presse dans une académie militaire d'Istanbul.
Le président turc a estimé que les demandes implicites des dirigeants européens "ne sont pas directement liées à notre processus d'adhésion" à l'UE. Il a ainsi estimé qu'il est "erroné et injuste de la part de nos amis européens de faire pression sur la Turquie au sujet de ces questions".
RECONNAÎTRE AVANT DE NÉGOCIER
Certains hommes politiques de l'UE ont affirmé que le sujet serait l'une des questions que la Turquie devrait régler avant le début de négociations d'adhésion, programmé pour le 3 octobre.
"Ces demandes ont irrité et blessé la sensibilité de la nation turque, a estimé M. Sezer. Ce qui doit être fait, c'est mener des recherches, enquêter et discuter sur ce sujet en se fondant sur des documents et sans a priori. Cette discussion devrait avoir une base scientifique et non politique."
Pendant la période ottomane, des centaines de milliers d'Arméniens ont été massacrés. Ankara rejette catégoriquement l'emploi du terme"génocide" pour qualifier ces massacres commis entre 1915 et 1917. Les massacres et déportations d'Arméniens auraient fait entre 1,2 et 1,3 million de morts selon les Arméniens, entre 250 000 et 300 000, selon les Turcs.
La Turquie reconnaît que des massacres ont été perpétrés et que de nombreux Arméniens sont morts lors de leur déportation, mais elle fait valoir qu'il s'agissait d'une répression contre une population coupable de collaboration avec l'ennemi russe dans un contexte de guerre, et que des dizaines de milliers de Turcs ont été tués au même moment par les Arméniens.
Le Parlement français - l'un des premiers en Europe - a reconnu en 2001 le génocide des Arméniens perpétrés sous l'Empire ottoman en 1915, sans toutefois en désigner directement les responsables. M. Devedjian, ministre de l'industrie français, comme des associations arméniennes, ainsi que de nombreux députés toutes tendances confondues s'étaient prononcés contre l'ouverture des négociations d'adhésion à l'Union européenne tant que le génocide ne serait pas reconnu par Ankara. Le Parti socialiste avait, quant à lui, demandé en préalable à l'ouverture des négociations qu'Ankara reconnaisse le génocide des Arméniens.
Avec AFP