Le dernier discours du trône de Tony Blair
La sécurité a été placée au centre de l'intervention de la reine, rédigée par le premier ministre britannique.
DANS SON DERNIER « discours annuel de la reine », Tony Blair a mis l'accent sur le renforcement de la sécurité pour lutter contre la menace terroriste.
Depuis 1605, date du complot avorté de Guy Fawkes qui avait tenté de faire sauter le Parlement de Westminster, les caves du palais sont soigneusement inspectées par les gardes du corps de la reine, surnommés les Beefeaters (mangeurs de boeuf), juste avant le discours du trône, chaque année en novembre. Aujourd'hui, ils sont assistés de vrais policiers.
Cette tradition a pris cette année un relief particulier alors que, pour la dernière fois en tant que premier ministre, Tony Blair, qui a annoncé qu'il se retirerait du pouvoir avant septembre prochain, assistait à ce cérémonial un peu désuet qui accompagne le discours de la reine. En novembre prochain, il ne devrait plus écrire le discours prononcé par la reine Elizabeth II qui présente le calendrier législatif du gouvernement, mais reste avant tout une déclaration d'intentions.
C'est autour de la menace terroriste, omniprésente depuis les attentats du 7 juillet 2005 à Londres (56 morts et 700 blessés), que Tony Blair a choisi d'articuler son 10e discours de la reine. Comme chaque année depuis cinquante-quatre ans, parée de joyaux et coiffée de la couronne, Elizabeth II s'est avancée vers la Chambre des Lords où son trône l'attendait.
Cinq complots déjoués depuis juillet 2005
« Au coeur du programme de mon gouvernement figurera une action renforcée pour maintenir des communautés fortes et en sécurité, et pour répondre à la menace terroriste », a déclaré la souveraine devant les Lords non élus assis, en robe rouge et perruque, et les députés élus, restés debout.
La semaine dernière, Eliza Manningham-Buller, directrice générale du MI5, les services secrets britanniques, avait révélé que ses services avaient mis en échec cinq complots importants depuis juillet 2005 et surveillaient au moins 200 groupes ou réseaux terroristes.
Le gouvernement prévoit donc un « possible renforcement des pouvoirs de geler les biens des personnes soupçonnées de terrorisme ». Il envisage d'autoriser que les écoutes téléphoniques puissent être considérées comme des preuves. Et pourrait également présenter une seconde fois au vote du Parlement l'extension de « la période de garde à vue sans inculpation pour les suspects, la portant à 90 jours au lieu des 28 actuels ».
Le problème est que cette proposition a déjà été rejetée l'an dernier par les députés de la Chambre des Communes, dont une cinquantaine de travaillistes, coûtant à Tony Blair sa première défaite en huit ans de pouvoir. Il y a quelques jours, le chef de Scotland Yard, sir Ian Blair, a remis la question sur le tapis, estimant qu'une durée de garde à vue de trois mois était « nécessaire » dans le contexte de la menace terroriste. Le chancelier de l'Échiquier, Gordon Brown, probable successeur de Tony Blair, s'est déclaré favorable à cette idée.
Le discours, qui comptait 29 propositions de loi, a également mis l'accent sur « un renforcement des pouvoirs de la police », la mise en oeuvre de la controversée carte d'identité biométrique, un contrôle accru aux frontières pour « lutter contre l'immigration illégale » et un allégement des procédures pour expulser les étrangers coupables de délit.
Le gouvernement a également fait part de son intention de présenter une « loi sur le changement climatique », qui permettrait de fixer l'objectif d'une réduction de 60 % des émissions de dioxyde de carbone d'ici à 2050.
Vu la complexité du processus d'adoption d'une loi, il est peu probable que Tony Blair voie toutes ses propositions adoptées avant son départ de Downing Street.
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