Selon Abdullah Gul, l’image des valeurs européennes est en danger
Sur fond de "crise des caricatures" (voir EurActiv 31 janvier 2006), les ministres européens des affaires étrangères se sont réunis de façon informelle les 10 et 11 mars 2006 à Salzbourg. Parmi différents sujets, ils ont débattu de la façon d'améliorer le dialogue entre les cultures et les religions.
Le ministre turc des affaires étrangères, Abdullah Gul, a été invité à faire un discours d'ouverture au cours duquel il a déclaré: "les gens ne doivent pas penser que le respect des religions, le respect d'autres identités, ne fait pas partie des valeurs européennes. S'ils pensent de cette façon, ils nuisent à l'image de l'Europe".
"Les lois existent déjà mais elles devraient protéger toutes les religions," a-t-il affirmé, faisant allusion à la législation existante qui protègle les insultes envers les religions, avant d'ajouter: "Dans ce monde fragile, nous nous devons d'être responsables... Je vous invite tous à plus de prudence car certains groupes ou individus souhaitent profiter de ces problèmes."
Le chef de la politique étrangère de l'UE, M. Javier Solana, et la commissaire aux relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, ont émis l'idée d'un recensement par les Etats membres de toutes les dispositions nationales relatives à la protection des religions contre les insultes, mais n'ont pas appelé à des changements concrets.
Le ministre danois des affaires étrangères, Per Stig Møller, dont le pays a été le premier à publier ces caricatures controversées, a affirmé que les pays européens ne changeraient pas leurs législations sur la liberté d'expression. Son homologue hollandais, Bernard Bot, a quant à lui déclaré que les idées de M. Gul étaient inappropriées: "Nous disposons de la liberté d'expression. Ce qui signifie que M. Gul peut dire ce qu'il veut et que je suis libre de dire ce que je veux."