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LE TURC : LA GRANDE MYSTIFICATION
Une des plus grandes mystifications scientifiques fut sans aucun doute l'invention du "Turc ", créature extraordinaire du baron Wolfgang Von Kempelen. Cet automate joueur d'échecs subjugua les plus grandes cours Européennes dans la seconde moitié du XVIII ° siècle puis les grandes capitales du monde au début du XIX ° siècle. Ce champion mécanique affronta les plus grands joueurs de l'époque comme les souverains les plus puissants. Mais le Turc n'était en fait qu'une illusion géniale. Une escroquerie de haut vol.. Voici l'histoire de cette fabuleuse supercherie
ET KEMPELEN CREA LE TURC
Le baron Wolfgang von Kempelen (1734-1804), connu aussi sous le pseudonyme de Kempelen Fargas ou Farkas, serait-il un scientifique qui à mal tourné ? Au service de l’impératrice Marie Thérèse d’Autriche, von Kempelen jouissait du respect de ses pairs. L'époque n'étant pas à la spécialisation, le baron versait aussi bien dans la mécanique, la physique ou l'hydraulique. Il inventa entre autres la première machine parlante. Mais en ce jour de l'an de grâce 1769, le baron va être témoin d’une expérience qui va changer le cours de sa vie et le faire entrer dans l'histoire. Cet événement fondateur de la légende Kempelenniene fut un simple spectacle de magie basé sur le magnétisme donné au Schoenbrun Palace de Vienne par un magicien français du nom de Pelletier.
Kempelen bascule de l'autre côté du miroir et déclare péremptoirement devant la cour qu'il peut faire beaucoup mieux. L'Impératrice le prend aux mots et lui donne six mois pour transformer une fanfaronnade en coup de génie. Le baron accepta même de ne pas participer à la vie de la cour avant que son invention soit au point. Ainsi, von Kempelen créa le "Turc ".
SHOW TIME
La première représentation du Turc eut lieu en 1770 devant l'Impératrice et la cour d'Autriche. Après ses propos un tant soit peu présomptueux, von Kempelen n'avait pas le droit à l'erreur et se devait de subjuguer son auditoire. Il dévoila donc son invention qui consistait en un mannequin en bois à taille d'homme représentant un Turc assis derrière un meuble où trônait un jeu d'échecs. Il était élégamment vêtu d'un manteau d'hermine et de pantalons bouffants, comme d'usage à l'époque dans les pays de l'Orient mystérieux. Sa main gauche tenait une longue pipe turque tandis que sa main droite restait immobile au-dessus de l'échiquier. Ses immenses yeux noirs scrutaient intensément les pièces du jeu.
La simple vision du "Turc " provoqua une vague d'étonnement et d'admiration. Cependant von Kempelen assomma son auditoire en annonçant que sa création, l'automaton, était capable de jouer aux échecs. Un long murmure d'incrédulité parcourt alors la foule. Comment, un mannequin de bois saurait-il jouer aux échecs ? Impossible.Tout simplement ridicule. Le meilleur moyen de mettre son invention à l'épreuve n'est-il pas de jouer contre le Turc? Un sieur Cobenzl se dévoue et perd rapidement contre la machine. Le résultat est sans appel : Homme 0-marchine 1. Incroyable, le Baron von Kempelen vient de créer une machine de bois et de métal mut par une complexe mécanique d'horlogerie, capable de surpasser l'intelligence humaine. Imaginez l'impact d'une telle révélation vers la fin du 18° siècle.
LE TURC ITINÉRANT
À la mort de l'Imperatice, Joseph II demande à Kempelen de présenter son Turc dans toutes les grandes cours d'Europe. La France, l'Angleterre, les Pays-Bas, L'Allemagne... Le Turc fait sensation devant les têtes couronnées. À Paris, il bat Benjamin Franklin, mais essuie une terrible défaite devant le grand Philidor. Les plus grands scientifiques de l'époque ont disséqué le Turc sans jamais comprendre comment il fonctionnait. Le Turc déchaîna alors les passions et la déraison. Les théories les plus folles tentèrent d'expliquer l'inexplicable. Un singe savant était caché dans l'automate, ou bien un ancien combattant cul-de-jatte. D'autres tentatives d'explications étaient plus scientifiques. Von Kempelen utilisait le magnétisme dont on découvrait à l'époque les propriétés. Le baron manipulait discrètement des fils invisibles. Mais l'explication la plus plausible, la plus scientifiquement observable était encore que la machine « pensait » vraiment.
A la mort de von Kempelen, le Turc continua son voyage autour du monde. Joahnn Maelzel, un fabricant d'automates musicaux s'en porta acquéreur et parcourut de nouveau l'Europe. En 1809, le Turc rencontre Napoléon qui perd en 24 coups. Autre adversaire de renom, Charles Babbage, le précurseur de l'ordinateur mécanique. Babbage perdit par deux fois, mais acquit la certitude que le turc était sous le contrôle d'un homme, sans pouvoir le prouver.
Le Nouveau Monde était la terre promise pour une telle invention, dont personne n'avait encore percé le secret. Maelzel donne des représentations dans les grandes villes des Etats-Unis : New York, Philadelphie, Boston, Richmond... Finalement, l'intérêt du public pour le Turc s'estompa et il termina ses jours dans un musée de Philadelphie où il fut détruit dans un incendie le 5 juillet 1854.
LES SECRETS DU TURC
Hélas, le Turc n'était pas le première ordinateur capable de battre un humain aux échecs.Les connaissances scientifiques et techniques de l'époque ne permettaient pas de construire une telle machine. Et pourtant, nombre de gens sensés y ont cru. Pas étonnant ! En cette fin de XVIII° siècle où la Révolution industrielle s'annonce, l'homme tente de redéfinir ses relations face à la machine. C'est l'époque des découvertes scientifiques, du renouveau de la connaissance. L'avenir n'a pas de limite. Il ne faut pas oublier non plus la formidable production d'automates de l'époque. L'horlogerie au service de l'étonnement et de l'illusion. Ecrivains, dessinateurs, musiciens... Les automates s'appropriaient le savoir-faire des hommes, imitaient les animaux. Un des plus célèbre était le joueur de flûte de Vaucanson. Alors pourquoi pas un automate jouant aux échecs ?
Kempelen connaissaitr le travail de Vaucanson et s'employa toute sa vie à construire des machines capable d'imiter l'homme. En 1770, il inventa le premier synthétiseur de voix humaine capable de prononcer des phrases entières. L'introduction de la machine à vapeur, le dévellopement des métiers à tisser industriels, il semblait ne pas y avoir de limite aux applications de la mécanique et de la technologie. C'est une de ces époques où les frontières du réel reculaient sans cesse. Il ne fait aucun doute que Kemepelen avait finement analyser la société de son époque. On prêtait aux automates du XVIII° siècles les mêmes vices et vertus qu'aux robots et ordinateurs dans la littérature de SF des années 1950-70. Ils étaient fascinants mais pouvaient asservir l'homme.
Le premier secret du succès du Turc est donc l'habile utilisation de l'air du temps par son inventeur.
Mécaniquement parlant, le coeur de la supercherie consistait en la présence d'un opérateur dans la machine. Bien que von Kempelen présenta son invention totalement ouverte aux spectateurs, un asctucieux jeu de panneaux mobiles rendait la présence du joueur humain indétectable. De forts joueurs de l'époque ont pris place dans les entrailles de la machine : Parmi ces joueurs on compta Jacques Mouret (un neveu de Philidor), William Lewis (1787-1870) un fort joueur anglais professeur du célèbre Alexander Mac Donnel, William Schlumberger (professeur particulier de Saint Amant) ou encore Johann Allgaier qui défi Napoléon comme opérateur du Turc en 24 coups (1809).
Le Turc n'était q'un tout de passe-passe. Une géniale escroquerie qui à dupé le monde durant de nombreuses années. Mais le monde ne voulait il pas croire en une sorte de mécanique à son image dont il serait le créateur ? Seul Dieu à le pouvoir de créer la vie. Et l'homme s'est toujours pris pour Dieu.