Marchandage [Turquie et UE]

Turquie : les Britanniques passent en force
UNION EUROPÉENNE Les négociations d'adhésion avec Ankara ont débuté comme prévu, le 3 octobre

Alexandrine Bouilhet
[05 octobre 2005]

APRÈS Quarante-deux ans d'attente et de promesses, l'ouverture, lundi soir à Luxembourg, des négociations d'adhésion entre l'Union européenne et la Turquie marque une étape historique pour Ankara.


Côté européen, où l'opinion publique demeure très sceptique, il s'agit, avant tout, d'une victoire de la présidence britannique. A Luxembourg, les Britanniques se sont démenés, seize heures durant, dans une ambiance parfois dramatique, pour arracher un accord dans les temps, le 3 octobre au soir. Epuisés par ce marathon de deux jours sans sommeil, les diplomates de Sa Majesté ont emporté la mise lundi, juste avant minuit, heure de Londres.


La cérémonie d'ouverture des négociations en présence du ministre turc Abdullah Gül a été expédiée en trente minutes, dans une salle austère de Luxembourg, après des discours succincts et sans relief. «L'histoire ne retiendra que l'essentiel : l'ouverture, le 3 octobre 2005, comme prévu, des pourparlers d'adhésion avec la Turquie», se console un diplomate britannique. «Pour un moment soi-disant historique, l'atmosphère était assez étrange», raconte cependant un membre de la délégation française. «La cérémonie en elle-même fut sobre et rapide, jus d'orange pour les uns, champagne pour les autres, suivie de quelques blagues de potache, et d'une conférence de presse minimaliste.»


Cette victoire à l'arraché, dans une atmosphère surréaliste, a laissé des traces, notamment dans les pays d'Europe centrale. Plusieurs délégations reprochent aux Britanniques leur méthode de négociation un peu brutales, pas toujours très transparentes, privilégiant les contacts bilatéraux aux réunions de groupe. Le ministre tchèque des Affaires étrangères s'est plaint de ne pas avoir vu le texte de compromis britannique avant qu'il ne soit envoyé pour approbation à Ankara. Assez absents, au dire des autres délégations, les Français ont râlé contre le principe «d'une négociation à vingt-six», qui place soudain la Turquie au même rang que les pays membres. Contraints de renoncer à leurs exigences, les Autrichiens se sont également plaint de la dureté des méthodes des Britanniques, «plus exigeants avec l'Autriche qu'avec certains pays candidats...».


De leur côté, les Anglais ont également dû faire des concessions. Ils ont dû admettre leurs faiblesses, leurs difficultés à obtenir un accord qu'ils pensaient acquis dès dimanche soir. La résistance de dernière minute des Turcs les a contraints à faire intervenir Washington, qu'ils voulaient tenir à l'écart de la négociation. Lundi, c'est Condoleeza Rice qui a convaincu les Turcs d'accepter le compromis européen, leur assurant qu'il n'empiétait pas sur leurs prérogatives en matière de sécurité.


Et, surtout, Londres n'a pu échapper au marchandage avec l'Autriche sur le dossier croate (lire ci-dessous). Contrairement au dire officiel, les deux dossiers étaient bien liés. La Grande-Bretagne a perdu plusieurs heures en tentant de séparer les deux affaires. Mais il est clair, d'après les diplomates présents, que c'est l'assurance d'une ouverture des négociations avec la Croatie qui a permis à la présidence de faire céder l'Autriche. «Les Autrichiens ont renoncé à leurs amendements délirants sur la Turquie dans la nuit de dimanche à lundi, dès qu'ils ont su que c'était gagné pour la Croatie», confie un négociateur.

Cet accord secret ternit la victoire de la Grande-Bretagne, qui a dû renoncer à sa position de principe sur le Tribunal pénal international et sur la Croatie pour obtenir gain de cause sur la Turquie. Ce marchandage inavouable, qui a abouti à l'ouverture inattendue des pourparlers d'adhésion avec Zagreb lundi soir, décrédibilise en même temps le discours de Carla Del Ponte, qui assure, sans convaincre, qu'elle n'a subi aucune pression pour donner son feu vert sur la Croatie.

Ah la politique.... ce n'est que du commerce après tout !

Lors du reportage de FR2 (mais pourquoi j'en reviens toujours à cela ?)... il y a un homme - dont j'ai oublié le nom et la fonction - qui a dit des choses assez justes à mon sens :
"il y a 30 ans, l'Europe courtisait la Turquie, elle en faisait son allié car, à cette époque, l'URSS faisait peur et la Turquie pouvait faire rempart... ensuite il y a eu la chute du bloc de l'est, et soudainement la Turquie a commencé à faire peur, elle n'avait plus d'enjeu stratégique"....
"Mais pour l'homme de la rue, ce qui est difficile à comprendre c'est que certains pays qui faisaient partie du bloc de l'est - et donc de ""l'ennemi"" sont maintenant intégrés dans l'Europe et cela ne choque personne alors que la Turquie !!!!"

C'est claire, c'est incompréhensible !!
Je peux ocmprendre ce qu'on appelle "L'opinion public" , la population qui est rétisente à l'entrée de la Turquie, c'est un pays grand avec bcp de disparité dans sa population, je pense et j'ensuis sur les turc eux même en sont conscient.

de plus l'image véhiculé de la Turquie en Europe centrale, il faut l'avoué n'est pas très enchanteresque !!!! non ?

Alors moi je peux les comprendre. Mais les politques, eux parcontre savent ce qu'ils font et c'est bien ça qui me dérange. Ils ne se rendent pas compte qu'il "mérpise" ou plutot il ne fait pas utilisé de gros mot, qu'il considère très mal ce pays et son peuple !!! Et c'est ça qui est difficile à avalé pour un ou une turc(que)!!! Nous savons que nous ne sommes pas prêt, et nous ne le cachons pas, mais de là toute cette hypocrisie!!! c'est dure!!!

Je ne suis pas outrée, pas du tout, mais juste déçu de me rendre compte que la polituque et comme tout !!!! mais j'espère, pas le refle de la population!

Les politiciens jouent sur l'opinion publique, ils n'en gardent que ce qui fait leurs affaires >-( Juste assez pour être (ré)élus.

J'ai entendu souvent cette phrase "l'Europe a bien plus besoin de la Turquie que la Turquie n'a besoin de l'Europe".
Ensuite faut pas oublier une chose. Quand un pays intègre l'union européenne, il doit s'aligner sur bien des points : agriculture, prix entre autres... or si ça fait le beurre de certaines grosses sociétés, pour les gens "de la base" c'est souvent une catastrophe !!! Les prix flambent les premières années de l'entrée dans l'union mais les salaires ne suivent pas !!!
Ensuite autre réflexion sur le caractère "musulman" de la Turquie : un jour ou l'autre (et pas si lointain) c'est la Bosnie, le Kosovo et l'Albanie qui frapperont aux portes de l'europe... Quels arguments auront-ils alors ?

Babel a écrit:

c'est la Bosnie, le Kosovo et l'Albanie qui frapperont aux portes de l'europe... Quels arguments auront-ils alors ?

Les Bosniaques, Albanais et Kosovars finiront quand même par émigrer en Europe, ou en Turquie. A moins que les Turcs envahissent ces pays des Balkans, pour faire du bizness

Moi j'attend de voir, mais autour de moi je n'entend aucun écho négatif, c'est plutot rassurant. j'espere que la turquie sera une entité apparente et non, un intrus.

Hakannibal a écrit:

AdemCan a écrit:

Moi j'attend de voir, mais autour de moi je n'entend aucun écho négatif, c'est plutot rassurant. j'espere que la turquie sera une entité apparente et non, un intrus.

Une entité apparente ? Ah non, une entité bien visible et réelle, à part entière .

OUI, c'est ce que j'ai voulu dire Hakan abi... olalala