THÉ Et FEU
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

THÉ Et FEU

Bienvenue sur TFE. Buvons du THÉ et discutons autour du FEU. Hoşgeldiniz, sefalar getirdiniz.
 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €

 

 Les peuples voudraient être librement aliénés...

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
ilker
Ami Serein du Thé Ecarlate
Ami Serein du Thé Ecarlate
ilker


Nombre de messages : 327
Localisation : Paris
Date d'inscription : 11/03/2005

Les peuples voudraient être librement aliénés... Empty
MessageSujet: Les peuples voudraient être librement aliénés...   Les peuples voudraient être librement aliénés... EmptyMer 25 Mai - 21:00

J'ai trouvé un texte d'un philosophe, qui va à contre courant de ce qu'on pense en général sur la position pacifiste, qu'il aille à contre courant ne veut pas dire qu'il a raison ou tord mais ça apporte un éclairage parfois -quand c'est intéressant- inattendu :


LES NÉOPACIFISTES EN GUERRE... CONTRE LA PAIX

par Robert Redeker - Robert Redeker est professeur de philosophie au lycée Pierre-Paul-Riquet de Saint-Orens (Haute-Garonne), membre du comité de rédaction de la revue Les Temps modernes.

Mardi 25 mars 2003 - LE MONDE

Rien de plus tragique que la destinée du pacifisme. Affirmant combattre l'impérialisme, il s'est généralement rangé aux côtés du pire - fascisme, nazisme, communisme -, se retrouvant, la plupart du temps, dans le camp des ennemis les plus résolus de la liberté. Les manifestations anti guerre qui déferlent un peu partout sur la planète ne préparent pas le pacifisme à sortir de son histoire équivoque : la rhétorique pacifiste, qui partage le monde en deux camps, l'Amérique et les peuples, ne manifeste aucune rupture par rapport aux slogans antiaméricains des années 1950, lorsque le Mouvement pour la paix recevait ses ordres de Moscou.

Pour exister, le pacifisme contemporain se voit obligé de travailler à l'occultation de ses racines et de son histoire. Toute la rhétorique déployée d'une manifestation à l'autre, insistante et dichotomique, poursuit, aujourd'hui que le communisme a rejoint les poubelles de l'histoire, un objectif secret : faire oublier un événement tout aussi important que la victoire des Américains sur le nazisme hitlérien, et jamais signalé. L'événement refoulé, objet du tabou mémoriel, dura plusieurs décennies : l'Amérique a protégé l'Europe occidentale du communisme.

Le miracle américain en Europe occidentale a pris un tour particulier : avoir formé un barrage efficace, empêchant le totalitarisme rouge d'étendre son empire de camps, d'asiles psychiatriques, d'exécutions de masse et de fils de fer barbelés jusqu'à l'Atlantique, rendant possible, dans les pays ainsi protégés (France, Italie, RFA, Benelux), l'apparition d'une prospérité généralisée comme le monde n'en avait jamais connu, avec un degré de liberté individuelle historiquement inédit jusqu'alors.
Mai 1968, enfant de Coca-Cola et de Marx, n'a pu voir le jour qu'au sein de cette prospérité et liberté - qu'à l'intérieur de l'espace géographique, idéologique, commercial et historique mis à l'abri par la puissance militaire américaine. Quand on sait ce que sont devenues des nations européennes comme la Tchécoslovaquie, la RDA ou la Hongrie, sous la coupe communiste, on mesure l'ampleur du bien qui nous a été dispensé par les Américains.

La rhétorique pacifiste - peu pacifique dans la virulence agressive de ses énoncés vis-à-vis des Etats-Unis - s'offre comme une rhétorique de l'oubli de ce durable événement-là. Ce sont les bienfaits amenés à la civilisation par l'Amérique, aussi bien que l'histoire "philototalitaire" du pacifisme que toutes ces manifestations actuelles tentent d'occulter.
"Guerre à l'Amérique" constitue, depuis soixante ans, le seul et unique mot d'ordre de tous les pacifismes. C'est pourtant grâce aux Etats-Unis, à la puissance de l'armée américaine, et en dépit des haines pacifistes, que nous ne sommes aujourd'hui ni "rouges" ni "morts" !
Les néopacifistes de l'heure présente s'appliquent à occulter ces bienfaits apportés par l'Amérique pour ne pas se contraindre à reconnaître une difficile double vérité : d'une part, ce ne sont pas les peuples qui se sont libérés du nazisme, c'est à l'armée américaine, aux "Anglo-Américains", comme disait haineusement la propagande vichyste, que l'on doit cette libération. D'autre part, ce ne sont pas les peuples non plus qui ont assuré la protection de l'Europe occidentale contre le communisme, auquel ils trouvaient des charmes, mais c'est bien la politique américaine qui l'a fait.

Le syntagme "les Anglo-Américains" dans un contexte de diabolisation, comme l'occasion nous en est donnée quotidiennement sur toutes les ondes et dans l'interminable chapelet bariolé des manifestations de rue, résonne étrangement à nos oreilles françaises.

Accoler à ces diatribes, ainsi qu'il arriva dans une manifestation récente, des attaques contre Israël ramène aux sombres années, antianglaises, antiaméricaines et antisémites de l'occupation nazie. A l'époque, cette propagande vichysto-nazie mettait en avant (aux actualités, dans les salles de cinéma…) les images des bombardements "anglo-américains", afin d'accuser leurs auteurs de barbarie et d'inhumanité.

Le pacifisme actuel, au vocabulaire si ambigu, loin de s'élever au-dessus des deux camps, à hauteur de l'idée philosophique de la paix, se révèle, quand on examine les slogans qu'il tonitrue, tout le contraire d'un pacifisme : il s'exprime par un discours manichéen (il n'existe que deux camps : l'Amérique et les peuples), dichotomique et partisan, sans nuances, exclusivement tourné contre les Américains (auxquels on adjoint parfois les Israéliens), violemment agressif. Ce néopacifisme planétaire est, par sa violence et son hostilité à l'égard de l'Amérique, un autre discours de la guerre. Il appelle à la mobilisation, au combat, à des formes de guerre.

Si Bush n'a pas eu forcément raison, par le biais d'une propagande vouée à l'échec, de stigmatiser à l'excès l'Irak - transformant l'immémoriale Bagdad en ennemie du genre humain dans son ensemble - les néopacifistes transmuent l'Amérique en bouc émissaire de tous les peuples.
La dette non reconnue envers la puissance dominatrice s'articule au ressentiment massif contre le plus fort et le plus riche. Définissant la dépolitisation, le refus par ressentiment de la puissance engendre l'irresponsabilité historique : refuser la puissance, en particulier celle d'un empire non totalitaire porteur des valeurs démocratiques comme les Etats-Unis, revient à militer en faveur de la loi planétaire de la jungle, du partage de la planète entre chefs de guerre et ethnocrates, à favoriser le néoféodalisme des conflits interminables, la guerre civile infinie. Le combat des néopacifistes est, sans qu'ils ne s'en rendent compte, un combat contre la paix dans la mesure où il demeure animé par le ressentiment contre la puissance.
Les pacifistes ne cherchent pas à comprendre qu'il convient de se méfier des peuples. Ils voient dans le nombre la raison. La croyance est que le peuple est le vrai bien, et la parole populaire énonce ce bien. Or, généralement, les peuples ne veulent pas le bien: ils veulent pouvoir être aliénés (à la consommation, aux religions, aux traditions, aux particularismes bornés) en paix. Ils veulent une servitude à des symboles volontaire et pacifique

Les Iraniens en lutte contre le chah - lutte soutenue par les intellectuels occidentaux, dont Michel Foucault, sous prétexte de l'inféodation du chah aux Etats-Unis -, loin de lutter pour leur liberté, luttaient pour une servitude plus grande encore, plus exaltante à leurs yeux, l'aliénation religieuse absolue du gouvernement des ayatollahs et des mollahs.

Les peuples vivent la politique - et, dans le cas des Etats-Unis, la politique s'identifie à la puissance - comme l'obstacle à leur aliénation tant désirée.
Dans l'identification du vrai et du bien aux peuples, au mouvement de l'histoire, toutes les erreurs systématiques des pacifistes trouvent leur source, de même que leurs choix en faveur des totalitarismes - dont les idéologies se veulent toujours populaires - plutôt que des Etats-Unis, dont le système de valeurs individualiste et démocratique déplaît dans l'exacte mesure où il est assimilé à la puissance.

---------

Vous avez surement remarqué le jeu de mot "néoconservateurs" et "néopacifistes" l'un et l'autre jetant sur l'autre la faute à la guerre, moi ce qui m'a intéressé c'est l'idée selon laquelle les peuples "voudraient" être librement aliénés :

"Or généralement les peuples ne veulent pas le bien : ils veulent pouvoir être aliénés (à la consommation, aux religions, aux traditions, aux particularismes bornés) en paix"

Je ne sais pas ce que veulent les peuples mais si ce philosophe avait raison, on serait comme dirait, mal Yeux roulants
Revenir en haut Aller en bas
Jacky
Récent Boss Fort du Phosphorescent Bosphore
Récent Boss Fort du Phosphorescent Bosphore
Jacky


Nombre de messages : 2582
Age : 114
Localisation : à gauche de la gauche
Date d'inscription : 17/03/2005

Les peuples voudraient être librement aliénés... Empty
MessageSujet: Re: Les peuples voudraient être librement aliénés...   Les peuples voudraient être librement aliénés... EmptyMer 25 Mai - 21:40

Un article intéressant qui répond à cet article de Redeker :

Le paradoxe de redeker : blanc, c’est noir
Jean-Paul HEBERT
Le Monde, 1er avril 2003.


Robert redeker développe dans le monde du 26 mars 2003 un paradoxe tout à fait intéressant dont l'idée essentielle est celle-ci : si un mouvement social revendique ou prétend agir pour tel objectif, alors c'est que son véritable objectif est le contraire de celui qui est annoncé : et l'article d'accumuler les illustrations de ce paradoxe : s'ils prétendent manifester contre la guerre, alors c'est qu'en réalité ils sont contre la paix. Ils se prétendent anti-impérialistes ? en réalité ils sont fascistes nazis et communistes. Ils se disent pacifiques ? en fait ils sont agressifs. Ils disent "paix sur la terre" ? ça veut dire guerre à l'Amérique. ce pacifisme se révèle comme un discours de la guerre. Ils défilent pour la démocratie ? en fait ils veulent "la loi planétaire de la jungle". Ils parlent de liberté ? ils ne cessent de choisir en faveur des totalitarismes… Bref, chaque fois qu'ils disent "blanc" il faut entendre "noir..

Du coup bien sur, il n'est pas difficile de discréditer l'actuel mouvement anti-guerre, dont les origines seraient à la fois mai 68 "enfant de coca-cola et de Marx", (quelle finesse dans l'analyse !) et le vichysme haineux et propagandiste. Quand on aura ajouté à cela les sempiternelles références à Munich et l'affirmation que l'objectif secret de tout cela est "de faire oublier la victoire des américains sur le nazisme ", on conviendra que si les premières applications du paradoxe de redeker (s'ils parlent de paix c'est qu'ils veulent la guerre) pouvaient faire sourire, tant la ficelle est grosse, en revanche, il est un niveau d'accumulation dans l'incrimination qui devient difficile à supporter.

Peut-on donc rétablir brièvement quelques faits : Le mouvement actuel est-il "pacifiste", au sens habituel du terme, c'est-à-dire opposé en toutes circonstances à la guerre ? Évidemment pas : la plupart des organisations et des personnes qui animent et soutiennent ce mouvement , et en particulier la Ligue des droits de l'Homme pour ce qui concerne le signataire, se définissent comme pacifiques, c'est-à-dire attachés à épuiser toutes les voies de recours avant d'en arriver au moyen ultime quand celui-ci est nécessaire. Cette manière de voir s'oppose au militarisme qui croit pouvoir réguler toutes les relations internationales en se précipitant sur la guerre dès que surgit un conflit. Mais cela ne peut être confondu avec le pacifisme qui préfère le déshonneur à l guerre. De la Résistance à l'intervention militaire pour arrêter l'épuration ethnique au Kosovo, il est des situations où il faut hélas, prendre les armes. Nous avons toujours pris nos responsabilités sur ces questions. Prétendre le contraire est malhonnête.

Le mouvement antiguerre aurait un discours "bicampiste" (on suppose que cela veut dire manichéen?), "exclusivement tourné contre les américains". Le mouvement antiguerre dans toutes ses prises de positions a critiqué et dénoncé les choix politiques de l'actuel gouvernement des États-Unis, ce qui est tout à fait autre chose. Robert redecker attribue au mouvement antiguerre un vocabulaire qu'il est assez facile ensuite de dénoncer : nous aurions une rhétorique de "l'Amérique contre les peuples", de "guerre à l'Amérique" etc. Bien entendu, aucune de ces formulations (ni rien d'approchant) n'est jamais employé dans les textes du mouvement pour une raison assez simple : c'est que, si stupides que nous soyons "puisque nous combattons la paix "sans nous en rendre compte"), nous ne sommes cependant pas totalement ignorants : l'Amérique ce n'est pas seulement les Etats-Unis, c'est aussi le Canada, le Mexique, le brésil, l'argentine, le Chili etc. et aux Etats-Unis, ce qui selon nous pose problème c'est la politique appliquée par le gouvernement. Donc rien dans nos prises de position qui ressemble à un quelconque discours antiaméricain.

Un des indices les plus forts de notre inspiration "vichyste" voire "vichysto-nazie" serait l'emploi du "syntagme" anglo-américain (qui n'est pas un syntagme, mais la question principale n'est pas là) dans le "chapelet interminable et bariolé des manifestations de rue". Si le chapelet n'était pas bariolé, cela serait-il moins grave , docteur ? mais surtout, on attend avec curiosité, l'avalanche de citations où serait employé ce "syntagme". L'affirmation est fausse et elle est injurieuse.

Le reste de l'article n'est pas démuni de ces procédés par lesquels on discrédite (les slogans sont forcément "tonitrués", nos motivations sont forcément "le ressentiment", les peuples -et nous avec- ne désireraient au fond que l'aliénation, etc.) ainsi que des approximations grossières : ("c'est à l'armée américaine que l'on doit la libération du nazisme"). Personne bien sur n'a jamais nié l'importance décisive de l'entrée en guerre des Etats-Unis en 1941 et de la part qu'ils ont pris à cette guerre. nous n'oublions rien et nous savons ce que nous devons au sacrifice des soldats américains; mais nous n'oublions pas que pendant un an c'est la Grande-Bretagne et la Grande-Bretagne seule qui a héroïquement porté le poids de la guerre face au nazisme. Nous n'oublions pas les morts de l'armée rouge, nous n'oublions les forces française libres, ni la Résistance, nous n'oublions pas les partisans yougoslaves, nous n'oublions aucun de ceux qui ont lutté contre le totalitarisme.

Non, notre vocabulaire n'est pas ambigu : la voie guerrière choisie par George Bush et son gouvernement n'est pas la voie appropriée à la situation. Outre qu'elle viole la légalité internationale, Elle engendrera plus de misère et de souffrances encore pour les premiers concernés le peuple irakien (même si le mot peuple paraît déplaire à robert redeker). Elle déstabilisera plus encore des pays qui n'ont pas besoin de l'être, elle exacerbera des antagonismes qu'on pouvait réduire. Elle est tout à la fois une faute et une erreur. Et nous continuerons de le dire, sans ambiguïté, malgré les extrémistes de tous bords, malgré ceux qui voudraient bien qu'advienne le "choc des civilisations" qui justifieraient leurs procédés belliqueux, malgré les procès d'intention .

Le paradoxe de redeker n'est q'un procédé rhétorique.

Quand le mouvement antiguerre dit "non à cette guerre", il veut dire très exactement "non à cette guerre"



Jean-paul hébert

(membre du comité central de la Ligue des droits de l'homme)

*******************************

ici

En ce qui me concerne, je n'aime pas du tout les amalgames faciles de ce type.
Il sous-tend l'idée que l'Amérique qui apporte les libertés, apporte aussi la désaliénation, or j'ai pas mal de contre-exemples. Il cite lui-même la consommation. On pourrait ajouter la société du travail, le patronat, les entreprises et leur culture pourrave.
Neyse, j'ai mon opinion déjà faite sur lui Mr. Green
Revenir en haut Aller en bas
ilker
Ami Serein du Thé Ecarlate
Ami Serein du Thé Ecarlate
ilker


Nombre de messages : 327
Localisation : Paris
Date d'inscription : 11/03/2005

Les peuples voudraient être librement aliénés... Empty
MessageSujet: Re: Les peuples voudraient être librement aliénés...   Les peuples voudraient être librement aliénés... EmptyJeu 26 Mai - 19:30

Belle réponse en effet sur la partie : Usa forts, désaliénateur, angéliques quoi et les autres petits méchants, mais la question "que veulent les peuples (en général)" restent en suspens..
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Les peuples voudraient être librement aliénés... Empty
MessageSujet: Re: Les peuples voudraient être librement aliénés...   Les peuples voudraient être librement aliénés... Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Les peuples voudraient être librement aliénés...
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Peuples turcophones : les Gagaouzes
» Prosélytisme US d’évangélisation des peuples musulmans
» Qu'est-ce que l'intégration et être intégré ?
» Rien ne peut être plus stupéfiant que la vie
» Être turc et gay

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
THÉ Et FEU :: FORUMS GENERAUX :: Général-
Sauter vers: