Des millions de femmes menacées par le manque de sages-femmes
La pénurie de sages-femmes est la première cause de mortalité maternelle et infantile dans le monde, a indiqué vendredi à Hammamet (Tunisie) le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), qui a estimé à plus de 300.000 le besoin en praticiennes.
La formation de 334.000 sages-femmes est nécessaire pour réduire le taux de mortalité maternelle et infantile et atteindre les objectifs de développement durable du millénaire d'ici à 2015, a-t-on indiqué à la clôture d'un forum organisé par le Fnuap, l'Organisation mondiale de santé (OMS) et la Confédération internationale des sages-femmes (ICM).
Une vingtaine de pays parmi les plus touchés par la mortalité maternelle ont participé depuis lundi à ce forum en présence de représentants de pays bailleurs de fonds et d'organisations afin de mettre en valeur le «rôle charnière» de la sage-femme.
Selon des statistiques publiées en marge de la réunion, une femme meurt chaque minute pendant la grossesse ou l'accouchement dans le monde. La moitié des femmes enceintes dans le monde n'ont toujours pas accès aux soins qualifiés, notamment en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud-Est.
Le risque de décès ou de complication au cours d'une grossesse ou d'un accouchement est estimé à un cas sur sept en Afrique sub-saharienne contre un sur 8.000 dans les pays développés.
Au cours de la dernière décennie, plus de sept millions de femmes sont décédées à la suite de complications pendant la grossesse ou l'accouchement.
De sept à dix ans seront nécessaires, selon le Fnuap, pour réduire de moitié le taux de mortalité maternelle.
Le Fnuap s'est félicité des progrès enregistrés dans des pays comme le Costa Rica, l'Egypte, la Malaisie, l'Afrique du Sud, le Sri Lanka, la Thaïlande et la Tunisie qui ont investi dans la formation des sages-femmes.
«Le renforcement de l'effectif des sages-femmes notamment dans les communautés et régions enclavées permettra de sauver des millions de vies», a déclaré le Dr Vincent Fauveau, conseiller en santé maternelle au Fnuap.
Il a souligné la nécessité d'accorder aux sages-femmes «une place de choix» dans les programmes nationaux de développement et indiqué que le Fnuap redoublerait d'efforts pour convaincre les gouvernements du «rôle primordial des sages-femmes dans les communautés».
Les participants ont souligné la nécessité de la mise en place de stratégies nationales de formation et de renforcement de l'effectif des sages-femmes notamment dans les pays pauvres d'Afrique sub-saharienne, d'Asie du Sud-Est, d'Amérique latine et des Caraïbes.
Ils ont regretté la marginalisation de ces praticiennes et souligné une pénurie de sages-femmes dans ces régions où 25 % des femmes accouchent sans assistance.
Le Fnuap prévoit des financements de l'ordre de 39 milliards de dollars pour la période 2006-2015 et 13 milliards de dollars pour les cinq prochaines années afin de réduire la mortalité infantile.
La moitié de ces financements seront réservés à l'Afrique sub-saharienne.