Des fleurs aux terroristes ?
L'initiative de paix au Proche-Orient proposée par l'Espagne, la France et l'Italie a-t-elle des chances de voir le jour ? Selon ses promoteurs, ce projet, fondé sur un appel au cessez-le-feu entre Israël et les Palestiniens et qui prévoit aussi la formation d'un gouvernement palestinien d'unité nationale, un échange de prisonniers et le déploiement sur le terrain d'observateurs du cessez-le-feu, devrait être lancé lors du conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement prévu pour les 14 et 15 décembre. Mais il se heurte à des obstacles de taille. Le gouvernement israélien - qui a déjà manifesté clairement ses réticences - reproche en effet à l'Union européenne d'avoir voté, en bloc, la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU du 17 novembre. Adopté par 156 voix contre 7 (Etats-Unis, Israël, Australie, Nauru, Palau, Iles Marshall et Micronésie) et 6 abstentions, ce texte demande à Israël d'arrêter ses frappes militaires à Gaza et aux Palestiniens d'interrompre leurs tirs de roquettes sur Israël. Il demande aussi la constitution d'une mission d'enquête sur la tragédie de Beit Hanoun où 19 civils palestiniens ont été tués le 8 novembre par des obus israéliens.
Jugé «déséquilibré» par Israël, ce document a provoqué la colère du Premier ministre Ehoud Olmert qui a dénoncé les «donneurs de leçons de l'ONU» avant de prévenir qu'en raison de cette attitude «il n'y aura pas de coopération d'Israël». La France, qui a joué un rôle actif dans la préparation de cette résolution et qui proteste depuis plusieurs semaines contre les survols hostiles de ses casques bleus au Sud-Liban par l'aviation israélienne, a même été accusée par l'ambassadeur israélien aux Nations unies d'avoir «lancé des fleurs aux terroristes» en poussant à l'adoption de la résolution. Quant au déséquilibre invoqué par Israël, il existe en effet. Dans le bilan des pertes. En six ans, un millier de roquettes artisanales tirées depuis Gaza ont tué six Israéliens. En quatre mois, les frappes israéliennes à Gaza viennent de faire plus de 360 morts parmi les Palestiniens.