Plus de suicides chez les femmes ayant des implants mammaires
Les femmes ayant reçu des implants mammaires pour des raisons esthétiques ont un taux de suicide 73 % plus élevé que la population en général. Cette donnée étonnante laisse à penser que les chirurgiens esthétiques devraient mieux cerner les motivations de leurs clientes, et mieux les accompagner le cas échéant.
Celles ayant reçu des implants mammaires ne sont pas seules dans cette situation, puisque les femmes ayant subi une chirurgie esthétique d'un autre type ont elles aussi un taux de suicide 55 % plus élevé que la population en général.
Ces données émanent d'une étude de deux chercheurs de la faculté de médecine de l'Université Laval, Jacques Brisson et Louis Latulippe.
Ceux-ci ont suivi pendant 14 ans un groupe de 25 000 femmes ayant reçu des implants mammaires, et un autre groupe de 16 000 femmes ayant subi une autre chirurgie esthétique. La majorité de ces femmes avaient été opérées au Québec, les autres en Ontario.
Les chercheurs voulaient savoir si les femmes ayant reçu des implants avaient plus de probabilités de développer un cancer du sein et si elles avaient un taux de mortalité plus élevé que les femmes de l'autre groupe et que la population en général.
Une surprise de taille
Réponse à cette question : elles avaient un taux de cancer du sein et un taux de mortalité plus faible que le second groupe et que la population. Explication probable : les candidates à une pose d'implants doivent être au préalable en bonne santé, et elles appartiennent généralement à un groupe socio-économique favorisé, un élément contribuant à une meilleure santé.
Les chercheurs ont toutefois eu la surprise de découvrir que les taux de mortalité par suicide étaient beaucoup plus élevés. Chez les 25 000 ayant reçu des implants, 58 se sont enlevé la vie, alors que les chercheurs en anticipaient 33, selon les statistiques générales. Chez le second groupe, il y a eu 33 suicides, pour 22 anticipés.
Manque de confiance
Bien sûr, ces chiffres peuvent sembler minimes, «mais on pense que c'est seulement la pointe de l'iceberg», soumettait hier le Dr Brisson. Autrement dit, s'il s'en suicide 58, il y en a probablement beaucoup plus qui ont un mal de vivre important.
Des études démontrent déjà que les femmes recourant à la chirurgie mammaire ont une faible estime personnelle, un manque de confiance en elles et des problèmes de santé mentale plus fréquents. Selon le Dr Brisson, cela peut être une incitation, pour les chirurgiens esthétiques, à mieux cerner les motivations psychologiques de leurs clientes.
S'il y a un problème, dit-il, ils pourraient alors les référer à des professionnels de la santé mentale, tels des psychologues ou des psychiatres.