Russie - Rapport annuel 2006
En 2005, les conditions de travail des journalistes ont continué à se dégrader de façon inquiétante et la violence constitue la menace la plus sérieuse faite à la liberté de la presse. Soumise à des amendes exorbitantes et au boycott publicitaire, la presse indépendante se réduit comme peau de chagrin. Autre signe préoccupant : le refus d’accréditation de journalistes étrangers qui confirme la volonté du pouvoir de conserver la mainmise totale de l’information, notamment sur la guerre en Tchétchénie.
En 2005, Pavel Makeev, jeune cameraman de la chaîne Puls d’Azov (région de Rostov sur le Don) et Magomedzagid Varisov, journaliste de l’hebdomadaire Novoe Delo à Makhatchkala (capitale du Daguestan), ont été assassinés en raison de leur activité professionnelle. Le directeur d’un groupe de presse a échappé de justesse à une tentative de meurtre à Samara (sud du pays). Huit journalistes ont été agressés physiquement et huit autres ont été interpellés.
La mort de Paul Khlebnikov, citoyen américain et rédacteur en chef de l’édition russe du magazine Forbes, assassiné par balles le 9 juillet 2004, n’est toujours pas élucidée. Le sort d’Ali Astamirov, correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) en Ingouchie et en Tchétchénie, enlevé le 4 juillet 2003, reste inconnu. Ni les enquêteurs chargés du dossier à Moscou, ni le parquet de Nazran (Ingouchie) n’ont obtenu de résultat. Cette spirale de la violence qui se déroule dans un climat de totale impunité contraint les journalistes à une autocensure généralisée.
En 2005, l’absence de pluralisme du secteur audiovisuel, associé à la disparition de titres de presse écrite indépendants, minés par des amendes exorbitantes, est particulièrement préoccupant en Russie. Le gouvernement contrôle étroitement la publicité, effectuant un véritable chantage envers les journaux indépendants qui se risqueraient à continuer de traiter la guerre en Tchétchénie dans leurs colonnes. Les chaînes de télévision, sous le contrôle total du Kremlin, sont également soumises à une censure très stricte. Les autorités sanctionnent désormais les médias étrangers qui effectuent des sujets liés à la Tchétchénie. Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé, le 2 août, que les accréditations des journalistes d’ABC ne seraient pas prolongées lorsqu’elles arriveraient à expiration. La chaîne américaine avait diffusé le 28 juillet une interview du chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev, réalisée par Andrei Babitsky.
De plus, la législation sur la presse reste très éloignée des standards internationaux. Le journaliste indépendant Eduard Abrosimov a été condamné à sept mois de travaux forcés pour diffamation, le 23 juin 2005, par la cour régionale de Saratov (sud de la Russie). Le 19 août 2005, Nikolaï Gochko, rédacteur en chef adjoint de l’hebdomadaire Odintsovskaïa Nedela, condamné le 5 juin à cinq ans de travaux forcés pour « diffamation », a été libéré sous la pression des organisations internationales.
http://www.rsf.org/article.php3?id_article=17323
Pédro
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