Ramzan Kadyrov nommé Premier ministre en Tchétchénie

Ramzan Kadyrov nommé Premier ministre en Tchétchénie

Ramzan Kadyrov, allié du président russe Vladimir Poutine, a été désigné Premier ministre de Tchétchénie à l'unanimité du parlement régional.

Les députés ont approuvé le choix du président Alou Alkhanov pour remplacer Sergueï Abramov, incapable de poursuivre sa tâche à la tête du gouvernement tchétchène depuis un accident de voiture en novembre.
L'accession de Kadyrov aux fonctions de Premier ministre brise la règle tacite selon laquelle le chef du gouvernement devait être d'origine russe.
"Je peux mourir heureux sachant que je bénéficie d'un tel soutien. Je ne savais pas qu'autant de gens me soutenaient", a déclaré Kadyrov, dont les alliés sont largement majoritaires au parlement depuis les élections de 2005.
"Ne me bousculez pas, car j'ai peu d'expérience et il est possible que je fasse des erreurs (...) Nous devons travailler ensemble. Quiconque ne souhaite pas travailler devrait rentrer chez lui", a-t-il poursuivi.
Cette nomination au poste de Premier ministre, fonction qu'il exerçait déjà à titre intérimaire depuis l'accident d'Abramov, ne fait qu'officialiser le pouvoir qu'exerce cet homme de 29 ans sur la province russe, en proie à une rébellion séparatiste.
Kadyrov dirige une milice de plusieurs milliers d'anciens rebelles - les "kadyrovtsy" - accusée de violations massives des droits de l'homme, notamment de meurtres, de viols et de pillage. Il dément ces accusations et affirme que ses détracteurs tentent, à travers lui, de porter atteinte à Moscou.
CONSTERNATION DES DÉFENSEURS DES DROITS DE L'HOMME
Kadyrov est jugé proche de Vladimir Poutine, qui l'a décoré en 2005 de la distinction de Héros de la Fédération de Russie, la plus importante du pays.
Son père Akhmad était président de Tchétchénie jusqu'à son assassinat par les rebelles en 2004.
Depuis l'accident d'Abramov, Kadyrov a déjà donné un avant-goût de l'orientation politique qu'il entend donner à la Tchétchénie, en prenant une série de mesures qu'il juge conformes aux préceptes de l'islam.
Il a ainsi interdit les casinos, engagé une répression contre la vente d'alcool, soutenu la polygamie et persuadé les dignitaires religieux fidèles à Moscou de déclarer une "guerre sainte" contre les rebelles.
L'arrivée de Kadyrov à la tête du gouvernement consterne les organisations de défense des droits de l'homme.
"Cela m'attriste profondément (...) Cela n'augure rien de bon pour la Tchétchénie. L'anarchie, toujours plus d'anarchie, le chaos", a réagi Svetlana Gannouchkina, dont l'organisation Memorial tente de recenser les disparitions et les meurtres de civils en Tchétchénie.
Le Kremlin affirme de son côté que la situation en Tchétchénie reprend progressivement un cours normal et que le conflit, qui a fait des dizaines de milliers de morts depuis 1994, touche à sa fin.
Des combats continuent toutefois d'opposer l'armée russe et des rebelles.
Trois militaires russes ont ainsi péri lors d'un accrochage avec des rebelles tchétchènes, dont ils ont découvert le refuge par hasard vendredi dans une forêt à l'est de Grozny, ont rapporté samedi les médias russes.
La vingtaine de rebelles n'a apparemment subi aucune perte et a pu prendre la fuite après cet affrontement, ajoutent les agences de presse RIA Novosti et Interfax.