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Une fois à l’abri des regards masculins, les femmes du monde arabe se lâchent !
A quoi rêvent les jeunes filles derrière le foulard qui couvre leur visage ? Sophie Dubreuil a longtemps séjourné dans les émirats du Golfe. Dans son premier roman, elle nous fait pénétrer dans l’univers clos des salles réservées aux femmes, ces moitiés de maisons où elles ont le droit d’aller tête nue d’une pièce à une autre. Une fois à l’abri des regards masculins, Hassa, Ocha et Maïtha évoquent les plaisirs de la chair, échangent conseils et recettes et dansent jusqu’au bout de la nuit. Si elles souffrent d’être privées de liberté, elles n’osent en parler ensemble tant la pression sociale est forte. Les trahisons sont fréquentes, même au sein du clan familial. Maïtha en sait quelque chose : c’est propre cousine qui l’a dénoncé à son père. Son crime ? Avoir parlé au téléphone avec un garçon. La violence du châtiment détruira à jamais ses velléités d’indépendance…
Mais même dans une société ultra rigide, les femmes savent jongler avec les interdits pour tutoyer le bonheur. Au petit matin, quand la brise vient doucement chatouiller leurs avant bras, la sensation est intense. A l’heure du thé, les rires fusent. Et le choix des vêtements et bijoux est leur pré carré. Ainsi, Ocha s’estime plus heureuse que bons nombre d’Européennes qui ne semblent pas disposer de leur propre argent : « vous les avez vu en Europe, elle ne rentrent jamais seules chez un joaillier, comme nous le faisons. Elles sont toujours accompagnées d’un homme ! ». En prenant à contre-pied les idées reçues, Sophie Dubreuil signe ici un roman subtil et audacieux.
Sous le voile, Sophie Dubreuil, Le Seuil, 258 p., 18 €