Deux épiciers turcs de Schaerbeek ont été abattus en 2002. Le suspect est identifié mais toujours en liberté
BRUXELLES C'était un samedi matin et sous un soleil radieux que Haydali et Settar, deux épiciers turcs, deux frères, qui tenaient leur magasin à l'angle de la rue Royale Sainte-Marie et de la rue Hancart à Schaerbeek ont été froidement abattus alors qu'ils préparaient leur étal de fruits et légumes.
Sept ou huit coups de feu sont tirés en direction des deux frères qui s'effondrent, sévèrement touchés. Haydali, 24 ans, ne survivra pas. Son frère, grièvement blessé, conserve un handicap à vie. L'épicerie ne rouvrira jamais et une famille tout entière est anéantie.
Hier, en compagnie de leur avocat, Me George-Henri Beauthier, Settar, son père et son frère, ont tenu à alerter la presse que plus de quatre ans après les faits, rien dans leur dossier n'avait bougé. Une situation tout à fait hallucinante d'un point de vue purement juridique et très dure d'un point de vue humain pour la famille.
"Très rapidement, on a identifié des suspects. La juge d'instruction en charge du dossier a ordonné des écoutes téléphoniques qui prouvent très clairement l'implication des suspects. Mais bizarrement, depuis, il n'y a plus rien eu de fait dans ce dossier", explique l'avocat.
Il faut dire que ce sont pas moins de 4 juges d'instruction qui se sont, pour des raisons professionnelles ou personnelles, succédés à la tête de ce dossier. Une succession qui a eu pour effet que peu de devoirs, voire aucun, n'ont été faits depuis 2003. "Un mandat d'arrêt international a bien été lancé à l'encontre du suspect qui a pris la fuite d'abord en France et ensuite au Maroc. Mais ce mandat n'a jamais été activé" , poursuit l'avocat.
Résultat, un assassin présumé est toujours dans la nature depuis 4 ans tandis que son frère, apparemment impliqué dans la fusillade également, n'a jamais été confronté avec la victime pour ne serait-ce que découvrir un mobile. "Aujourd'hui, on ne sait toujours pas ce qui a coûté la vie à Haydali" .
Les deux épiciers étaient appréciés dans le quartier. On ne leur connaît aucun antécédent criminel, mafieux ou politique. Il s'agirait simplement d'un crime crapuleux, une altercation verbale qui aurait dégénéré. Un dossier comme le parquet de Bruxelles en traite des dizaines chaque année. Pourtant, dans ce cas précis, sans que l'on sache pourquoi, le dossier est, sans mauvais jeu de mot, au point mort. La famille demande aujourd'hui des comptes.