Trois rabbins ordonnés pour la première fois depuis 1942
Aucune ordination de rabbins n’avait eu lieu depuis la destruction, par les nazis, de l’Ecole supérieure de judaïsme. La cérémonie s’est déroulée jeudi matin dans la nouvelle synagogue de Dresde.
Pour la première fois depuis l’Holocauste, trois étudiants-rabbins ont été ordonnés jeudi à la synagogue de Dresde, en Allemagne. Ces nominations sont «un pas important sur le chemin de la renaissance du judaïsme en Europe», estime le rabbin Walter Homolka, directeur du collège Abraham-Geiger de Potsdam, où étudient les trois jeunes hommes. Pour le Conseil central des juifs d’Allemagne, la cérémonie «pose un nouveau jalon sur la voie de la normalisation de la vie juive» dans le pays.
Depuis 1942 et la destruction par les nazis de l’Ecole supérieure de judaïsme créée par Abraham Geiger, les «quelques communautés juives restées en Allemagne après la guerre avaient accueilli des rabbins formés aux Etats-Unis, en Israël ou au Royaume-Uni», explique le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.
Aujourd’hui, plus de 100 communautés juives comptent quelque 105.000 membres, dans le pays. Même si on est encore loin des chiffres d’avant-guerre, lorsqu’entre 500.000 et 600.000 juifs vivaient en Allemagne, l’arrivée de dizaines de milliers de juifs des pays de l’ancien bloc soviétique a fortement contribué à recréer une communauté quasiment anéantie.
«Allemagne nouvelle et moderne» Créé en 1999, le collège Abraham-Geiger, rattaché à l'Université de Potsdam, n'a commencé à fonctionner véritablement qu'en 2001. Il est le premier séminaire rabbinique en Europe continentale depuis l'Holocauste. «Nous couvrons toute l'Europe centrale et orientale», précise son directeur, Walter Homolka. «Nos étudiants venus de l'étranger rentrent ensuite dans leur pays comme ambassadeurs d'une Allemagne nouvelle et moderne», affirme-t-il, non sans fierté.
Il ne fut pourtant pas simple de convaincre les institutions juives à l'étranger du bien-fondé de créer un séminaire rabbinique en Allemagne. «Un collègue a fait part de son incompréhension : pourquoi ériger une telle institution sur les cendres de six millions de victimes de la Shoah», raconte le directeur.
L'un des trois étudiants-rabbins ordonné avoue également avoir éprouvé des sentiments mitigés lorsqu'il s'est retrouvé à la Porte de Brandebourg, à Berlin : «Des éclairs du passé passaient dans ma tête. On doit se souvenir du passé, certes, mais il s'agit plus aujourd'hui de l'avenir». Deux des rabbins prendront leurs fonctions dans des communautés juives d'Allemagne. Le troisième, Sud-Africain d’origine, ira travailler dans la capitale du pays.