Un petit passage d'Eric Brasseur comme ça en passant...

Je relisais un peu dans le désordre Eric Brasseur, ce qui est aussi la meilleure façon de lire Derrière les yeux d'une femme. Chouette réflexion :



Une amie me dit depuis longtemps qu'un homme qu'elle connaît la dégoûte. Elle vient de me dire qu'elle a couché avec lui. Cela semble une constante : si une femme dit avec insistance qu'un homme la dégoûte, elle finira par coucher avec. Pourquoi ? Suffit-il d'être dégoûtant pour séduire les femmes ? Personnellement je ne trouve pas ces hommes-là dégoûtants, pas plus que la moyenne en tout cas. Après réflexion je me demande s'il ne faut pas impliquer la peur de soi. En Occident les gens ont une terreur à l'idée de se découvrir eux-mêmes. Ils craignent cela plus que la mort. Rouler en voiture sans ceinture ne les dérange pas. Par contre parler cinq minutes de leur identité les met très mal à l'aise. Ces femmes trouvent sans doute instinctivement que ces hommes sont dégoûtants, parce qu'elles sentent qu'ils peuvent leur apprendre quelque chose sur elles-mêmes. En même temps, la connaissance de soi est très attirante, c'est un des moteurs les plus puissants chez les humains. Il y aurait donc un combat à l'intérieur de ces femmes, parfois pendant des mois. Elles se préparent inconsciemment à rencontrer cet homme. Assez souvent, quand elles m'en parlent après, elles disent qu'il leur a appris quelque chose de nouveau en matière de sexe. Ce sont des choses bébêtes, comme le fait de se parler, le fait de s'occuper de tout le corps et pas juste des parties sexuelles, etc... Je suis chaque fois étonné d'apprendre la pauvreté de la sexualité de ces femmes. En fait, beaucoup de gens en sont restés à la sexualité puritaine : s'allonger sur le lit, écarter les jambes et attendre. Si beaucoup de femmes atteignent l'orgasme de nos jours, cela reste quelque chose de superficiel ; un simple flash de jouissance. Je ne connais qu'une seule femme qui parle d'avoir de vraies relations, de chercher une vraie relation avec un homme, où chacun aide l'autre à ouvrir un univers intérieur de pensées et de sensations. Elle est considérée comme une très forte personnalité par ceux qui la connaissent, presqu'une déesse païenne. Pourquoi les occidentaux sont-ils aussi faibles, aussi perdus dans leur sexualité, aussi apeurés d'eux-mêmes ? Pourquoi leur faut-il parfois des années de psychanalyse pour gravir pas à pas ce que d'autres considèrent comme des évidences ? Les étrangers que je connais sont souvent mieux lotis. Une différence importante que je constate entre ces étrangers et les occidentaux, est que ces étrangers prennent leurs enfants dans leurs bras. Ils les prennent *vraiment* dans leurs bras : ils leurs font de super gros câlins tout choux tout chauds. Je vois ces enfants briller de bonheur. Ce bonheur irradié, je ne l'ai jamais vu, même suggéré, dans les meilleurs films hollywoodiens. J'ai vu plusieurs fois des enfants d'occidentaux affamés de ces câlins. Ils en crèvent, d'être un jours pris dans les bras de leurs parents. Certains parents ressentent cette demande, ce besoin énorme de leurs enfants, et en conçoivent une grande inquiétude. On dirait qu'ils croient que leurs enfants voudraient des parents pédophiles. Leur ignorance les fait nager entre le dégoût et la peur. Dans les pays où il y a de la malnutrition, certains enfants sont arriérés mentaux parce que leurs cerveaux n'ont pas pu se développer faute de nourriture. Les occidentaux font la même chose avec leurs enfants, avec un manque de tendresse à la place de manque de nourriture. Ces enfants grandissent en s'enferment lentement dans leur frustration. Ils deviennent insensibles et friables. On se plaint de l'invasion de la drogue en Occident. A-t-on pensé au fait que le jour où un jeune prend sa première dose, c'est peut-être la première fois de sa vie qu'il ressent un peu de bien-être et de réconfort ? A qui profite le crime ? Des premières croisades à l'époque actuelle, les pouvoirs occidentaux ont fait se multiplier leurs populations comme du bétail. Ils ont créé des marées d'êtres insensibles, qu'ils ont déversées sur les autres pays du globe. Ils ont tout conquis et tout détruit. Ces occidentaux décharnés sont très faciles à manipuler par la Société de Consommation. Ils sont prêts à travailler comme des malades pour fabriquer des biens inutiles, pour obtenir de l'argent qui leur permet d'acheter des choses dont ils n'ont pas besoin. Ces choses ne leurs apportent pas le millième du bonheur d'un vrai câlin. La méthode actuelle pour conquérir le Monde est l'Economie. Sous des prétextes généreux, on pompe les ressources des pays pauvres, on réduit leurs populations à une pauvreté extrême. Les pays qui essayent de lutter subissent un boycott sans merci. On finance des guérillas pour renverser leurs gouvernements, on met en place des blocus... Ces méthodes tuent indirectement des millions d'enfants. On fait le nécessaire pour inspirer la terreur à toute personne ou gouvernement qui refuserait de jouer le jeu. Pour en revenir aux femmes, j'ai vu dernièrement une jeune fille totalement assimilée à la religion hollywoodienne. Elle est folle de son petit ami. Elle pleure après lui, elle lui saute au cou, se frotte contre lui... J'ai regardé ce petit ami. J'ai lu ses pensées comme dans un livre : "Je vais supporter cette conne encore quelque temps puis je la largue.". Il n'y aucune affection entre ces personnes. Elle, se fait un cinéma d'enfer en se servant de ce jeune homme qui a une gueule de cinéma. Lui, a une nana qu'il peut tirer à l'occasion, à condition de la supporter le reste du temps. Souvent, dans ces histoires sordides, les deux partenaires se font leur cinéma, chacun dans leur coin. Ils se croient heureux, sans avoir la moindre idée de qui est l'autre. Une chose remarquable chez ces occidentaux est qu'il se considèrent comme parfaitement normaux. Ils ont été endoctrinés en ce sens. Je peux leur faire n'importe quelle remarque ou suggestion, il me regardent d'un air narquois et assuré. Leur sexualité et leur vie affective sont parfaites et épanouies... Quand j'entame un dialogue avec un étranger, son attitude est diamétralement opposée : il s'intéresse tout de suite, à la recherche de quelque chose dont il n'aurait pas encore connaissance. S'il a l'impression que je dis des bêtise, il cherche à me comprendre et à m'expliquer ce qui pourrait me manquer. Une simple conversation avec un étranger m'apporte beaucoup de bien-être et de connaissance de moi-même. Mes amis occidentaux les plus "libérés", en six mois d'orgies et de limousines ne semblent pas recevoir une parcelle de ce que je reçois en une heure de conversation. C'est peut-être pour cela que les personnes qui votent pour l'extrême droite sont aussi haineuses vis à vis des étrangers. Les personnes âgées, pour qui il est parfois trop tard pour apprendre quoi que ce soit, semblent être l'électorat principal de l'extrême droite... Après s'être entre-tués deux fois au cours du XXème siècle, après avoir pris le risque de déclencher un hiver nucléaire qui aurait exterminé la population humaine de la Planète, les occidentaux menacent à présent de générer un échauffement global de l'Atmosphère. Si cet échauffement s'emballe, il aura les mêmes effets que l'hiver nucléaire. Cet échauffement est généré par l'activité vaine et frénétique de l'Industrie de Consommation. Nous allons exterminer nos enfants faute de savoir les aimer. Dans l'Afrique tribale, le grillot est un conteur qui passe de village en village. Il utilise des accessoires, par exemple de petits instruments de musique, pour ponctuer son récit. Son principal accessoire, c'est son intelligence. Le grillot est tout le temps interrompu par des membres de l'assemblée. On lui demande de changer le cours du récit, on lui suggère des choses... Chaque personne peut ainsi apporter ses émotions à l'histoire. Le grillot doit jongler avec cela. Il permet aux membres de l'assemblée de manifester leurs vie intérieure, en même temps il se nourrit de toutes ces vies pour devenir un meilleur grillot. Cette construction mutuelle de l'assemblée et du grillot, cette symbiose, c'est une façon de faire l'amour. En occident, il n'y a pas de dialogue. Que vous alliez à l'opéra, au théâtre, au cinéma, à l'école, à un meeting politique ou que vous restiez devant votre télévision, vous devez rester assis à écouter. Parfois vous pouvez parler mais vos questions ou vos réponses sont téléphonées. On vous a appris ce que vous devez dire pour être approuvé. Tout coule de l'autorité vers la masse, à sens unique. Il n'y a pas de relations, il n'y a que de la soumission, jusqu'au massacre final.

Super mais qui fait la dactylo ?

Oui un très beau texte, même si je dois avouer mon inculture car je ne connais pas cet Eric Brasseur.


Il a quelque chose quand même qui me chiffonne :
Dans ce texte il oppose toujours "occidentaux" avec "étrangers"... Si je comprends "occidentaux" par "gens de pays économiquement nantis", il faut que je comprenne "étrangers" par "gens des pays qui ne sont pas économiquement nantis": mais c'est trop vaste et trop varié, je n'arrive pas à bien cerner.

Moi non plus je ne sais pas qui est cet Eric Brasseur, peut-être le frère de Claude...

Je précise comme même* qu'il n'a pas écrit chaque passage, c'est essentiellement un recueil de textes que ses lectures l'ont amené à recenser.

T'as gagné un deuxième extrait Hakan

Sur la sexualité pour changer un peu

"Faire son affaire" à une poule domestique est très facile. Attrapez-là gentiment. Elle se débattra un peu en poussant quelques "cloc cloc". Si elle se tait rapidement, vous pouvez continuer. Par contre si elle pousse des cris et continue à se débattre, il faut la relâcher. Placez vos mains sur les côtés de son derrière, bien à plat. Faites aller et venir vos mains rapidement, comme si vous faisiez rouler une orange entre vos deux mains à plat. La poule se plaquera contre le sol, lèvera le croupion, mettra sa tête un peu en arrière et fermera les yeux. Ne le faite pas trop longtemps, quelques secondes tout au plus. Ensuite lâchez-là. Elle se lèvera et se secouera les plumes avant de s'en aller. Aux "cloc-cloc" qu'elle poussera vous pourrez entendre si elle a apprécié ou si vous êtes un rustre. Le simple fait de lui masser le croupion déclenche ces mouvements et lui donne du plaisir. On peut dire qu'il y a un "fil nerveux" virtuellement direct entre son croupion, ses muscles et son plaisir. On pousse sur le bouton et la lampe s'allume. Normalement c'est le coq qui met à profit ce mécanisme, lors de l'accouplement. Mais il est tellement simple et direct que vous pouvez aisément remplacer le coq. Il suffit d'un peu de doigté. Une poule peut même vous préférer à un jeune coq un peu gauche. Chez beaucoup d'humains, la sexualité se limite à peu près à la même chose. Les postures sont différentes et cela dure un peu plus longtemps, mais le scénario est fondamentalement le même. Les "cloc-cloc" de la poule et du coq sont remplacés par un échange de quelques propos anodins. Un moyen de communication très important chez les humains sont les phéromones, ces parfums produits par notre peau. La plupart d'entre nous en subissent les effets virulents sans comprendre ce qui se passe réellement. En respirant les phéromones de l'autre ils se trouvent emplis d'une envie et d'une pulsion vers l'autre irrépressibles. Les poules, elles, n'ont quasiment pas d'odorat. Une autre nuance est que le coq a génétiquement la pulsion de monter sur la poule, son instinct lui dicte de le faire et lui en donne une forte envie. Chez les humains il s'ajoute à cela un endoctrinement social et des rites appris. Une de mes connaissances est un coq très prisé. Il n'utilise que ses mains, comme avec les poules. Il a un petit cheptel de femmes qui passent chez lui de temps à autre pour se faire "masser" un bon coup. Ensuite elles repartent rassasiées. Il les préfère l'une à l'autre en fonction de l'intensité de leurs manifestations de plaisir. Dans certains milieux les "massages" sont automatiques entre personnes qui se connaissent depuis un certain temps, le délais allant de quelques minutes à six mois. Le refus de masser peut être interprété comme une offense. Dans d'autres milieux on introduit des sophistications. Par exemple l'accouplement est associé à une "histoire" que les deux protagonistes mettent en scène, comme une pièce de théâtre, un roman. Dans un autre milieu encore l'accouplement est inféodé aux sentiments, l'amour réciproque, le fait de s'occuper l'un de l'autre. Les sentiments priment et les deux protagonistes vivent leur sexualité en fonction de ces sentiments. Les sentiments donnent une force extrême à la sexualité. Dans un quatrième milieu, l'accouplement est une affaire de prestige. On évalue la position sociale d'une personne en fonction d'avec qui elle s'accouple. Ces quatre systèmes ont leur face obscure. Ce sont le viol, l'endoctrinement, la manipulation et le mariage forcé. Un des protagonistes va imposer l'acte, l'histoire, la nature des sentiments ou le choix du marié. C'est le refus de l'identité de la victime et à terme sa destruction. Un autre problème est la confusion entre les systèmes. Par exemple beaucoup de couples mettent en scène une histoire comme quoi ils ont des sentiments l'un pour l'autre. Alors qu'ils n'en ont pas, ils sont incapables de s'occuper l'un de l'autre, de s'écouter. Aimer demande beaucoup d'éducation, de culture. Une femme qui a beaucoup de sentiments sera malheureuse avec un homme coq, même si ce dernier est de la meilleure bonne volonté par ailleurs. Réciproquement, un homme affectif sera malheureux avec une femme poule ou avec une femme coq. On fait miroiter une histoire ou même des sentiments à des jeunes filles, alors qu'il ne s'agira que d'un mariage de convenance. Suivant les systèmes, les liaisons dureront plus ou moins longtemps. Chez les gallinacés, les liaisons durent entre quelques minutes et quelques mois. Chez ceux qui se jouent une pièce de théâtre, entre quelques jours et un ou deux ans. Chez les personnes qui ont des sentiments, entre quelques mois et toute une vie.