FEMMES D'AILLEURS -
"Je te resterai fidèle jusqu'à ce que la mer soit à sec et que les rochers tombent en miettes", telle était la formule des vœux échangés lors des anciennes cérémonies de mariage en Chine. La société moderne, typique des pays en voie de développement qui s'enrichissent, s'en est beaucoup éloignée, et une simple dispute suffit à mettre fin à la vie d'un couple. L'infidélité est devenue l'une des causes majeures de divorce, puisqu'elle représente 80 % des cas. "Dans les banlieues développées de Guangzhou ou de Shenzhen, de riches hommes d'affaires gardent leurs maîtresses dans des 'villages de concubines'. Dans les grandes villes telles que Shanghai ou Pékin, l'adultère est presque une norme", rapporte le China Daily.
Le divorce est devenu le baromètre des influences occidentales sur la société chinoise, influences introduites il y a une vingtaine d'années avec le début de l'expansion économique. Aujourd'hui, en Chine, des avocats spécialisés dans le divorce, des conseillers juridiques, des agences de détectives privés prêts à photographier les époux infidèles en pleine action, ont partout, dans les villes, pignon sur rue. Et, bien sûr, c'est dans les centres urbains les plus prospères que le phénomène prend de l'ampleur. En Chine, le pourcentage de divorces atteint 21 %, cinq fois plus qu'en 1979. Cependant, "on est encore loin des 50 % que connaissent les villes américaines", précise le quotidien. Enfin, six divorces sur dix se font à l'amiable, sans aucune contestation.
"Le divorce était autrefois la hantise des femmes chinoises, car les valeurs traditionnelles représentaient pour elles la chose la plus importante", explique Yuan Rongqin, un psychologue installé à Guangzhou, de plus en plus souvent confronté à ce type de problème. De nos jours, nombre de jeunes estiment que le divorce est un droit civil, rien de plus. "Au lieu d'envisager d'avoir un époux ou une épouse pour la vie entière, les gens pensent avant tout à la qualité du mariage et, si cela ne va pas, ils arrêtent", note Lu Ying, une avocate responsable d'un centre d'études féministes.
La tendance a pris encore plus d'ampleur depuis octobre 2003, quand une nouvelle loi a supprimé l'autorisation préalable de l'employeur des candidats au divorce, ce qui était le plus souvent vécu comme une inquisition. Il faut maintenant dix minutes pour divorcer. C'est devenu si facile que certains journaux chinois ont rapporté l'histoire de jeunes couples qui se sont mariés un matin, disputés à midi et ont divorcé le soir. En effet, un certificat de mariage, une photo, une carte d'identité et un formulaire dûment rempli suffisent.
Signe de l'évolution rapide de la société, à Hong Kong, "les couples qui vivent en union libre auront bientôt les mêmes droits, droit à l'héritage et garde des enfants, que les couples mariés, à condition de prouver qu'ils vivent depuis longtemps ensemble", note le South China Morning Post. Malgré cela, signale le quotidien, "le mariage continue d'être l'objectif numéro un de nombre de femmes".
Anne Collet