Des voitures brûlent aussi à... Bruxelles
jeudi 10 novembre 2005 - 17:49
Des carcasses de voitures calcinées dans la banlieue de Bruxelles dans la nuit de mercredi à jeudi. Pour la quatrième nuit consécutive, une quinzaine de voitures ont été incendiées et des cocktails Molotov lancés contre des bâtiments. La violence des banlieues françaises s'est propagée en Belgique, mais dans des proportions limitées.
Tout a commencé dimanche soir avec l'incendie de cinq voitures dans un quartier bruxellois à forte population étrangère qui avait déjà été le théâtre d'affrontements entre policiers et jeunes dans les années 90. Les nuits suivantes, des voitures ont brûlé dans plusieurs quartiers de la capitale belge.
Six jeunes de 18 à 22 ans, interpellés mercredi, ont déclaré s'être inspirés des émeutes en France pour «causer du grabuge». A Anvers, des insultes écrites visant le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, ont été retrouvées près d'un véhicule incendié.
Pourtant, le Centre de crise du gouvernement, un organe permanent qui dépend du ministère de l'Intérieur, répète que les faits qui touchent la Belgique «constituent des actes isolés qui ont été gérés de manière adéquate par les services de police et d'incendie locaux». Pour éviter l'embrasement, les autorités misent sur un renforcement des patrouilles de police et sur l'action des médiateurs sociaux, dont la présence a été renforcée depuis les émeutes de 1991, 1993 et 1997. Elles soulignent également l'absence de grandes cités-ghettos en périphérie des villes. En Belgique, les populations défavorisées vivent le plus souvent dans le centre des villes, où l'accompagnement social est plus présent que dans les banlieues françaises.
Depuis le début de la semaine, les ténors politiques belges ne se sont pratiquement pas exprimés sur des événements qui, si la situation en France n'était pas aussi tendue, feraient figure de «crise nationale», relève le sociologue de l'université de Liège, Hassan Bousetta. «Je pense que la situation est très mauvaise en Belgique aussi. Une partie de la jeunesse ne s'en sort pas. Il faudrait faire un gros effort en matière de dialogue, et surtout d'emploi», ajoute le sociologue, spécialiste des politiques d'intégration en Europe. Il avertit : «Si la réaction, c'est de dire que brûler quarante voitures, ce n'est pas grave, alors les jeunes pourraient être tentés d'aller plus loin la prochaine fois».
(Libération.fr)
http://www.liberation.fr/page.php?Article=313053&Template=GALERIE&Objet=49532
Accueil 
