Le secret de la fée verte décodé

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ALCOOL - Le secret de la fée verte décodé

"Un microbiologiste néo-orléanais obsédé par la fée verte a décrypté le code de l'absinthe et en distille selon sa propre recette", s'étonne le mensuel pour mordus de l'informatique Wired. Ted Breaux, 39 ans, chimiste et microbiologiste, a ignoré les avis d'évacuation de la ville émis le 27 août, il n'est parti que le lendemain emportant l'essentiel, "des vêtements, de quoi faire sa toilette, un ordinateur portable, des fusils datant de la Seconde Guerre mondiale, des munitions, et pour 15 000 dollars d'absinthe", se moque Wired.

Ce liquide, c'est véritablement la fierté de Ted Breaux. Titulaire d'une licence de chimie, cet employé d'un laboratoire d'analyse chimique a étudié à ses heures perdues la composition de l'absinthe à partir d'une bouteille datant d'avant la prohibition de l'apéritif damné. La liqueur anisée a bien fait un retour dans les rayons des magasins à la fin des années 1980, lorsque "les règles alimentaires européennes ont oublié de mentionner l'absinthe et l'ont rendue de fait légale", signale Wired.
La voie était ainsi ouverte à la réhabilitation de la fée verte. Excepté que personne ne savait en fabriquer comme au joyeux temps de Toulouse-Lautrec. Les produits lancés étaient loin de satisfaire Ted Breaux, qui leur trouvent toujours un goût de "rince-bouche fait de vodka et d'huiles essentielles".

Ted Breaux ne cherchait pas au départ à fabriquer de l'absinthe, "il désirait simplement savoir une fois pour toutes ce qui la rendait si dangereuse". L'élément incriminé était la thuyone, une substance toxique présente dans l'armoise utilisée pour fabriquer cet alcool. Les recherches précédentes avaient conclu que l'absinthe contenait un taux excessif de thuyone. Ce que Ted Breaux a découvert est tout autre. La concentration de cette substance était en vérité beaucoup plus faible, "homéopathique", ironise le chimiste. Ces chiffres furent plus tard confirmés par le gouvernement allemand.

"Ted Breaux a pu non seulement blanchir la fée verte des soupçons qui pesaient sur elle, mais aussi découvrir sa formule. Il a ainsi établi la concentration de chaque plante qu'elle contient, en parvenant même à connaître leur provenance. Il a également découvert dans quels types d'alcools de vin macéraient ces herbes. La prochaine étape était logiquement de mettre en vente sa propre marque d'absinthe."
Sirotant son second verre, il ne craint pas de comparer sa liqueur à un mélange de cocaïne et d'héroïne et de la qualifier de "speedball à base d'herbes". "Certains éléments sont des excitants, d'autres des sédatifs. C'est la raison pour laquelle les artistes l'appréciaient. Buvez un verre ou deux et vous ressentirez les effets de l'alcool, mais votre esprit restera clair – vous pourrez toujours travailler", explique-t-il au journaliste de Wired.

L'absinthe est toujours prohibée aux Etats-Unis. C'est pourquoi Ted Breaux est venu à Saumur, en France, pour distiller le produit qu'il a mis sur le marché. La Nouvelle-Orléans est dévastée, mais elle n'a pas attendu Katrina pour faire mauvaise presse à l'eau.