A la recherche du foulard perdu

TUNeZINE

A la recherche du foulard perdu
mercredi 12 février 2003, par Omar Khayyâm

La Turquie d’Atatürk a connu la « guerre du fez », la Tunisie de Zaba est en train de vivre la guerre du foulard. Malgré la résistance de quelques « têtes dures » attachés à leurs chéchias jusqu’à la mort, les Turcs ont fini par enlever leur couvre-chef, pour éviter les sévères sanctions du Chef. Mais, apparemment, la guerre anti-hijab de Haj Zaba ne sera pas gagnée aussi facilement que celle menée, il y a 70 ans, par le « Père des Turcs ».

Qui aurait pensé que la guerre anti-voile finirait par se retourner contre son instigateur et toucher la tête de l’Etat, au sens littéral des mots « toucher » et « tête » ? La douce moitié de Zaba, Hajja Leila, serait-elle, après l’incident d’aujourd’hui, la dernière victime de cette guerre absurde contre un bout de tissu ?

En descendant de l’avion présidentiel qui la ramenait de la Mecque, où le couple présidentiel avait effectué un pèlerinage, Hajja Leila, impatiente de retrouver sa famille qui l’attendait dans le hall de l’aéroport, prend congé de Haj Zaba et se faufile parmi les passagers ordinaires. Elle passe sans encombre le contrôle de la police des frontières et des douanes et quitte la salle débarquement presque en courant. Elle se jette, sans tarder, dans les bras de sa mère, connue sous le pseudo Hajja Nana. La tribu Trabelsi est là à accueillir la sainte pèlerine. Après les émouvantes retrouvailles, la caravane des Tripolitains se dirige lentement vers le cortège de voitures qui les attend dehors.

L’incident qui fait jaser tout Tunis, se produit juste à la sortie de l’aéroport. Dès que la porte coulissante s’ouvre devant Hajja Leila, elle se trouve nez à nez avec deux policiers de la brigade anti-voile. Le visage béat de Leila s’est tellement métamorphosé après le pèlerinage, que les flics ne l’ont pas reconnue. Ils l’interpellent sur-le-champ et lui intiment l’ordre d’enlever son foulard. Leila croit rêver. Elle est tellement en colère qu’elle ne peut plus parler. Elle tente de gifler un des flics, mais son collègue lui retient le bras avec sa main de boxeur. L’un des deux agents l’immobilise et l’autre lui enlève son foulard. La « présidente » commence à crier et demande de l’aide. Les frères et les neveux de Hajja Leila, qui ont mis du temps pour réaliser ce qui était en train de se passer, se jettent sur les deux flics. Les deux agents réussissent à lancer un SOS, avant d’être neutralisés par une douzaine de Trabelsi mâles enragés. Les policiers de la circulation présents devant l’aéroport courent au secours de leurs collègues. Les renforts ne tardent pas à arriver pour rétablir l’ordre. Aux voitures et fourgons de la Garde nationale de l’Aouina, se joignent des dizaines de voitures de police de l’Ariana, d’el-Menzah, d’el-Manar, de Cité la Gazelle et de Cité el-Khadhra. Alerté par la salle des opérations du Ministère de l’Intérieur, le commissaire de l’aéroport intervient pour calmer les esprits et finit par faire dégager les deux policiers anti-voile gravement blessés. Il présente ses excuses à Hajja Leila et essaye de calmer ses esprits. La police éloigne les curieux et interdit la circulation automobile jusqu’au départ de toute la tribu de Hajja Leila.

Les deux policiers blessés, soignés d’urgence par les médecins de l’hôpital du ministère de l’Intérieur à la Marsa, conscients de la gaffe qu’ils viennent de commettre, s’attendaient au pire. Ils croyaient leur carrière brisée à jamais. Pourtant, c’est le contraire qui s’est passé. Que ne fut leur surprise lorsque Haj Zaba en personne les a appelés avant leur sortie de l’hôpital pour s’enquérir de leur santé et les remercier pour leur zèle et leur fidélité absolue à ses instructions.

Mais le dossier du voile de Hajja Leila est loin d’être clos. En rentrant tout agitée au Palais présidentiel, elle se rend compte de la perte de son voile. En effet, au cours de la rixe qui a opposé la horde des Trabelsi aux flics anti-voile, le foulard de la présidente gisait par terre et aucun n’a eu l’idée de le chercher après la fin de la « bataille ». Elle appelle le commissaire de l’aéroport afin qu’il déclare le lieu de l’incident zone interdite, en attendant l’arrivée du Secret Service de Carthage. Une cinquantaine d’agents de la Sécurité Présidentielle part en trombe à la recherche du foulard perdu. En réalité, ce n’est pas la perte du foulard lui-même qui fait peur à Hajja Leila, mais que quelqu’un puisse tomber sur l’un de ses cheveux collés au foulard.

Cette recherche effrénée qui a duré toute la nuit et qui continuera certainement pendant des jours, renforce une rumeur qui circule depuis des mois à Tunis. Les mauvaises langues disent que le couple présidentiel, obsédé par sa survie, non seulement croit à la magie mais loue depuis des années les services de voyants, magiciens, cartomanciens et autres chamans.

A entendre toutes ces histoires rocambolesques, on dirait que le royaume de Haj Zaba ne tient qu’à un cheveu !

Tu sais , c'est classique .....

On nous montre constamment les pauvres victimes de la laicité...dans un melodrame tragique , histoire de nous faire couler des larmes etc etc...

Biensur , ce qui s'offense contre ça , ne sortiront pas de leur torpeur pour denoncer les jeunes filles rouées de coup, forcées à porter le voile..

Certes la situation de la Tunisie est un manquement à la liberté de conscience, mais un manquement qui en desavantageant qqune a grandement servi des millions de femmes...

Que les femmes tunisiennes regardent à qq centaines de kilometres , au Maroc, la situation des femmes...Les marocaines viennent de se rejouir parce qu'elles viennent d'obtenir 1/10 de ce que les tunisiennes ont depuis plus de 40 ans ....

Le meme genre "les miserables voilées" , on nous la chante en Turquie aussi.... Tout le monde connait les operations "Bacima dokunmayin" ("touchez pas à ma soeur")...

C'est drole que l'article parle "d'un simple bout de tissu" ; si ce n'etait que ca , pourquoi ecrit il un article dessus , pourquoi parle t on autant de ce 'bout de tissu'...

Bref, ce bout de tissu n'a pas fini de faire parler de lui ....

Toxik a écrit:

Biensur , ce qui s'offense contre ça , ne sortiront pas de leur torpeur pour denoncer les jeunes filles rouées de coup, forcées à porter le voile..

Si, ça existe, mais ça sort moins de la communauté. Foulard et maltraitance sont d'ailleurs loin d'être liés. En outre, beaucoup de jeunes porteuses de foulard sont aussi féministes.

Toxik a écrit:

Le meme genre "les miserables voilées" , on nous la chante en Turquie aussi.... Tout le monde connait les operations "Bacima dokunmayin" ("touchez pas à ma soeur")...

On ne peut pas mettre toutes les porteuses de foulard dans le même panier, ce serait de l'intolérance. Il faut reconnaître que les jeunes porteuses ne suivent pas la même voie que leur mère (elles aussi doivent en prendre conscience = responsabilisation), elles n'ont pas les mêmes aspirations.

Toxik a écrit:

C'est drole que l'article parle "d'un simple bout de tissu" ; si ce n'etait que ca , pourquoi ecrit il un article dessus , pourquoi parle t on autant de ce 'bout de tissu'...

Parce qu'il est visible. Les religions de ce continent sont très portées sur ce qui est visible, et le spirituel ???

Faj a écrit:

Toxik a écrit:

Biensur , ce qui s'offense contre ça , ne sortiront pas de leur torpeur pour denoncer les jeunes filles rouées de coup, forcées à porter le voile..

Si, ça existe, mais ça sort moins de la communauté. Foulard et maltraitance sont d'ailleurs loin d'être liés. En outre, beaucoup de jeunes porteuses de foulard sont aussi féministes.

Je ne parlais pas de la violence classique mais de la violence dans le but de faire porter le voile....J'en connais autour de moi...
Quant au feminisme , ca me fait doucement rigoler, est ce surement ce feminisme qui fait qu'on ne voit jamais une voilée à l'enterrement d'une fille du sud est egorgée par sa famille , ou lors de la journée de la femme pendant que les autres (les non voilées ) se font gracieusement tabassé par la Police
Feminisme nouvelle sauce je dirais....Feminisme de quoi au juste ?
Tu sais , y'a meme des feministes en Iran , appelés feministes de la charia...

Citation :

Toxik a écrit:

Le meme genre "les miserables voilées" , on nous la chante en Turquie aussi.... Tout le monde connait les operations "Bacima dokunmayin" ("touchez pas à ma soeur")...

On ne peut pas mettre toutes les porteuses de foulard dans le même panier, ce serait de l'intolérance. Il faut reconnaître que les jeunes porteuses ne suivent pas la même voie que leur mère (elles aussi doivent en prendre conscience = responsabilisation), elles n'ont pas les mêmes aspirations.

Non elle ne porte pas le fichu traditionnel en dentelle de leur mere, pas le fichu que ma grand mere femme du village mettait, ni le fichu legerement posé" sur la tete que portait les femmes mariées dans les grandes villes...
Leur fichu serait celle 'd'une nouvelle identité".... Depuis quanr le voile , qui existe depuis la nuit des temps est elle devenu un nouvel objet; le voile signifie aujourdhui ce qu'il signifiait il y'a 1500 ans de ça: la pudeur que doit une femme aux hommes, l'effacement de son identité de la scene publique, son appartenance à la gente masculine.....

Citation :

Toxik a écrit:

C'est drole que l'article parle "d'un simple bout de tissu" ; si ce n'etait que ca , pourquoi ecrit il un article dessus , pourquoi parle t on autant de ce 'bout de tissu'...

Parce qu'il est visible. Les religions de ce continent sont très portées sur ce qui est visible, et le spirituel ???

[/quote]
C'est surtout qu'il est politique.Il represente un defit politique dont en reve justement ces jeunes filles, un role , un combat à mener
Moi je leur dit ; si vous etes si assoiffées de combat que ca ; 'ouvrez la page necrologique' et vous verrez ces filles tuées ou torturées par leur famille pour des raisons incroyables et battez vous pour elle!!

Toxik a écrit:

Je ne parlais pas de la violence classique mais de la violence dans le but de faire porter le voile....J'en connais autour de moi...

... dans le but de les faire rester à la maison, de ne pas rentrer tard le soir, oui, ça existe, donc le foulard n'est pas le principal facteur.

Toxik a écrit:

Quant au feminisme , ca me fait doucement rigoler, est ce surement ce feminisme qui fait qu'on ne voit jamais une voilée à l'enterrement d'une fille du sud est egorgée par sa famille

Fille du sud = mentalité de bled, c'est justement le défi. De faire en sorte que les jeunes voilées n'aient pas cette mentalité.
Euh, franchement, de ce point de vue, les "sans foulard" sont parfois plus "bledisés" ou ghettoisés que des voilées ... D'ailleurs, je parlais de "responsables". Dès qu'il s'agit d'une mentalité arriérée, le port ou non port du foulard c'est kif kif.

Toxik a écrit:

, ou lors de la journée de la femme pendant que les autres (les non voilées ) se font gracieusement tabassé par la Police

La France, toujours la France. Hé ho, sors un peu
Une fille voilée qui milite pour GreenPeace, qui demande un autographe à un joueur de tennis (sexy, en short), ou libraire dans une librairie prestigieuse du quartier commerçant du centre de Bruxelles, ça existe ! Foulard n'implique pas ghetto ou bled.

Toxik a écrit:

Non elle ne porte pas le fichu traditionnel en dentelle de leur mere, pas le fichu que ma grand mere femme du village mettait, ni le fichu legerement posé" sur la tete que portait les femmes mariées dans les grandes villes...

L'influence arabe est à considérer. Les jeunes turques sont sous influence de ce point de vue.

Toxik a écrit:

la pudeur que doit une femme aux hommes, l'effacement de son identité de la scene publique, son appartenance à la gente masculine.....

Libre aux porteuses de foulard de changer sa signification. Pour moi, porter le foulard = "bonne soeur", comme chez les Chrétiens.

Toxik a écrit:

C'est surtout qu'il est politique.Il represente un defit politique dont en reve justement ces jeunes filles, un role , un combat à mener

C'est social, l'oisiveté engendre le vice, à tel point que n'importe quelle activitée fait l'affaire. Et pour le spirituel, on fait la "course aux mérites".

Toxik a écrit:

Moi je leur dit ; si vous etes si assoiffées de combat que ca ; 'ouvrez la page necrologique' et vous verrez ces filles tuées ou torturées par leur famille pour des raisons incroyables et battez vous pour elle!!

Mais elles savent que ça existe, c'est juste qu'elles sont trop gâtées, qu'elles sont naïves : elles sont persuadées que ça n'arrive qu'aux autres. Et puis, pour les plus consciencieuses, il n'est pas évident d'être confronté à une majorité conformiste, traditionnaliste. Elles ont seulement besoin de s'exprimer librement.

Ben sur un forum virtuel, par exemple ...