Avis de tempête pour les baleines
L'avenir des populations mondiales de cétacés se joue peut-être à partir de ce vendredi dans une petite île des Caraïbes. Saint-Kitts-et-Nevis accueille jusqu'à mardi prochain la réunion annuelle de la Commission baleinière internationale (CBI). Et comme chaque année, le Japon et les pays baleiniers (Norvège, Islande, Danemark) vont tenter de lever le moratoire sur la chasse à la baleine, instauré depuis 1986.
La reprise de la chasse nécessite l'approbation des deux tiers des 66 pays membres de la CBI. Lors de la réunion de 2005, qui s'est déroulée en Corée du Sud, une proposition nippone en ce sens avait été rejetée d'une courte majorité. Mais, cette année, les "pro-chasse" ont mené un intense effort de lobbying pour obtenir le soutien des petits Etats insulaires des Caraïbes ou du Pacifique. Des votes obtenus en échange d'aides financières, dénoncent avec virulence l'Australie et la Nouvelle-Zélande, farouches défenseurs du moratoire, aux côtés d'autres pays tels la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
"Vote serré"
Canberra et Wellington ont ainsi multiplié les contacts avec ces petits Etats, notamment dans la zone Pacifique (Kiribati, îles Marshall, Vanuatu) pour tenter de les convaincre de ne pas soutenir les pays baleiniers. Parmi les nouveaux adhérents de la CBI, le Guatemala, les îles Marshall et le Cambodge pourraient voter avec le Japon, tandis qu'Israël devrait s'associer aux "anti-chasse". Selon Buffy Baumann, de Greenpeace, le vote sera "serré" et le résultat dépendra de "qui sera présent physiquement et qui sera à jour de ses cotisations".
Chaque année, les pays pratiquant la chasse aux cétacés capturent environ 2000 baleines. Il s'agit soit d'espèces qui ne sont pas couvertes par le moratoire (rorquals, petites baleines...), soit de chasses autorisées pour les peuples aborigènes — un droit accordé notamment aux Groenlandais. Enfin, le Japon utilise une faille du moratoire pour continuer ses prises sous couvert de recherche scientifique.