Les événements de ces derniers jours en France poussent la presse internationale à s'interroger sur les modèles d'intégration. Si le modèle républicain à la française a fait la preuve de son échec, le modèle multiculturaliste à l'anglo-saxonne n'a pas non plus réussi à enrayer la violence...( mais le modèle communautariste britannique fonctionne mieux que le modèle républicain français....! c'est de moi)
Dans un lycée privé musulman, à Lille - AFP
"Inévitable, l'explosion des banlieues a été préparée par des décennies d'inaction et d'aveuglement de la politique française. Et l'inactivité est avant tout le résultat de ce que l'on pourrait appeler l''illusion républicaine'", considère la Süddeutsche Zeitung. Le quotidien allemand rappelle que, "en France, le principe de l'égalité interdit en effet de prendre en compte les communautés ethniques ou religieuses. Ce tabou, cette cécité autoadministrée empêche jusqu'à la collecte de données statistiques sur la question. Voilà pourquoi il est impossible de décrire avec précision les minorités qui vivent dans le pays. Personne ne peut chiffrer les déficits de l'intégration de ces minorités ou déterminer comment ces déficits pourraient être résorbés par des mesures ciblées. La discrimination positive est considérée comme un gros mot. Ce refus de voir les réalités a créé un cercle vicieux, car la discrimination négative, elle, est bien sûr très courante. Celui qui porte un nom maghrébin ou celui qui a la peau noire ou qui habite dans un quartier réputé difficile aura – même à qualification égale – infiniment plus de mal à trouver un emploi, un logement ou un crédit qu'un monsieur Dupont résidant dans le XVIe arrondissement de Paris. Bref, dans le pays où l'égalité est un principe, la pratique est celle d'une inégalité effrayante."
Pour The Independent, les événements des derniers jours en France et les attentats de Londres en juillet "soulèvent des questions fondamentales sur la relation entre les minorités ethniques et les démocraties pluralistes". Les deux modèles, le multiculturalisme à l'anglaise et la laïcité à la française, ont échoué, constate le quotidien britannique( Faut nuancer c de moi ausssi)"Comment deux approches divergentes ont-elles pu produire le même résultat ?" s'interroge un éditorial. Pour le journal, toutes les réponses ont été trop timides. Finalement, "il n'y a pas eu assez de multiculturalisme au Royaume-Uni". Seules des mesures de façade ont été mises en œuvre, comme la traduction de documents officiels en plusieurs langues. "Il faut mettre en place quelque chose qui s'attaque véritablement à la racine du problème. Il s'agit de développer l'identité raciale des enfants en leur donnant des modèles d'intégration réussie, issus de leur communauté, tels que physiciens, médecins ou hommes d'affaires", préconise le quotidien britannique. "Affirmer son identité raciale aide à construire plutôt qu'à mettre en péril le sens de la communauté. Un multiculturalisme qui suppose, par exemple, la formation des imams britanniques peut n'avoir qu'un impact positif."
"Ce sont des temps difficiles pour une Europe désorientée", commente ABC. "La crise conséquente au 'non' français et hollandais au projet de Constitution européenne est le reflet fidèle d'un profond mal-être. L'Etat-providence semble incapable de répondre à ses propres insuffisances et les solutions interventionnistes sont impuissantes devant le phénomène de la globalisation. Dans ce contexte, la seconde génération d'immigrés, en particulier ceux qui sont originaires du monde islamique, est un facteur de complication supplémentaire", constate le quotidien espagnol. "Les faits démontrent l'échec de la politique britannique, qui vise à juxtaposer des cultures diverses, et l'échec de la théorie française de la 'citoyenneté républicaine', résumée dans la loi qui interdit le port du voile dans les écoles publiques. Près de 14 millions de musulmans vivent dans l'Union européenne. Il faut insister sur les politiques d'intégration, renforcer dans le même temps la sécurité, et contrôler les messages que transmettent les extrémistes, profitant des libertés de l'Etat de droit pour prêcher la haine et la violence. Il manque un programme ambitieux pour le développement social et économique des zones marginalisées, parce que les comportements contre le système naissent de la marginalité et du manque d'horizon. Plus qu'un problème d'ordre public, nous sommes devant une épreuve du feu pour tester la force des sociétés démocratiques", conclut ABC.
Hamdam Mostafavi et Marco Schütz
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=57006&provenance=accueil&bloc=06