Diplomatie
Accord douanier Turquie-UE : vers une reconnaissance implicite de la République de Chypre
LEMONDE.FR | 25.03.05 | 16h30 • Mis à jour le 25.03.05 | 16h51
La Commission européenne et la Turquie sont tombées d'accord sur le texte du protocole que le gouvernement turc s'est engagé à signer avant l'ouverture des négociations d'adhésion à l'UE et qui signifierait une certaine reconnaissance de Chypre, a indiqué, vendredi 25 mars, un responsable turc.
Le protocole étend aux dix nouveaux membres de l'Union, dont la République de Chypre, l'accord d'union douanière qui lie Ankara à l'Europe depuis 1963.
"NOUS NE TRAÎNONS PAS LES PIEDS"
Selon ce responsable qui a parlé sous le couvert de l'anonymat, les deux parties sont d'accord sur les termes de ce document et la Turquie attend désormais que Bruxelles lui envoie le texte pour un aval final.
"Si le texte est dans la forme sur laquelle nous sommes parvenues à un accord, nous irons de l'avant. Nous ne traînons pas les pieds", a-t-il notamment dit.
Les Européens ont exigé cette signature de la Turquie pour ouvrir les négociations d'adhésion le 3 octobre prochain.
A défaut d'une reconnaissance officielle, l'extension à Chypre du protocole d'union douanière euro-turque équivaudrait pour l'UE à une reconnaissance de facto des autorités de Nicosie, à laquelle la Turquie s'est toujours refusée par le passé.
La Turquie récuse qu'une telle extension puisse être interprétée comme une reconnaissance.
Jeudi 24 mars, le ministre des affaires étrangères espagnol, Miguel Angel Moratinos a rappelé que lorsque l'accord douanier sera signé, l'engagement devra se traduire dans les faits.
"Dans le cadre des relations internationales, lorsque vous signez quelque chose, c'est pour l'appliquer", a déclaré M. Moratinos à l'issue d'une rencontre à Nicosie avec le président chypriote, Tassos Papadopoulos, et le ministre des affaires étrangères, George Iacovou.
Les Chypriotes grecs s'inquiètent du fait que la Turquie, qui a promis de signer l'extension de son accord douanier avec l'UE aux dix Etats devenus membres en mai 2004, dont Chypre, pourrait ne pas l'appliquer en jouant sur le fait qu'il doit être ratifié par son Parlement pour pouvoir entrer en application.
Chypre est le seul Etat membre de l'UE avec lequel Ankara n'entretient pas de relations diplomatiques.
LA CRAINTE D'UNE NON-RATIFICATION PARLEMENTAIRE
"Il y a le principe de la bonne foi. L'idée que vous puissiez signer un accord mais pas le ratifier afin de ne pas l'appliquer est totalement contraire aux pratiques internationales", a déclaré pour sa part M. Iacovou.
Lundi 21 mars, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a promis à Bruxelles que la Turquie respecterait les engagements attendus d'elle par les Européens avant l'ouverture prévue le 3 octobre de ses négociations d'adhésion.
"Les pas qui doivent être faits d'ici là le seront assurément", a déclaré M. Erdogan à l'issue d'un dîner de travail avec le premier ministre grec, Costas Caramanlis, à la veille du sommet européen de Bruxelles.
La Turquie est le seul pays au monde à reconnaître la République turque de Chypre du Nord, proclamée en 1983, où elle mobilise quelque 30 000 soldats.
Avec AFP