Gollnisch fait le point
Bruno Gollnisch tenait une conférence de presse mercredi à Paris pour faire le point sur la campagne du Front National pour le Non à la Constitution euroturque, campagne que les militants nationaux ont débuté il y a déjà cinq mois. Le Délégué général a présenté aux journalistes le kit de campagne dont disposent les cadres et les militants frontistes, tracts, argumentaires, nouveaux autocollants et affiches conçus par ses services. Il a aussi annoncé la diffusion massive, à plus de 1,5 million d’exemplaires, d’un triptyque récapitulant les arguments de la droite nationale en faveur du « NON ». Bref la déclinaison de la thématique du FN allant du plus simple (le slogan forcément réducteur d’une affiche) jusqu’à des analyses plus complexes de la Constitution. Travail d’information, de formation de nos élus, cadres, militants, adhérents et électeurs qui font de ces derniers certainement une des franges de la population la mieux informée sur ce sujet. « Les résultats sont là » a d’ailleurs constaté Bruno Gollnisch qui a rappelé que si 52% des sympathisants du mouvement de Jean-Marie Le Pen étaient opposés à la Constitution il y a quelques mois, le dernier sondage Ipsos révèle qu’ils sont désormais 86%, preuve que le FN « est en phase avec son électorat ». Le dirigeant frontiste a souligné encore que le Non du FN portait sur « les valeurs, la souveraineté, l’identité, les libertés et avait bien sûr un aspect économique et social » comme l’indiquait Carl Lang lors de sa conférence de presse de la semaine dernière. Bruno Gollnisch a par ailleurs répété que « la question de la Constitution et celle de l’adhésion de la Turquie sont liées, mettant « sa tête à couper » qu’il n’y aura jamais de référendum sur l’adhésion de la Turquie », la seule façon pour les Français de manifester leur refus étant de voter NON le 29 mai prochain. D’autant que le gouvernement d’Ankara a été invité à signer l’acte final de la Constitution et que tout aussi significativement, le refus des euromondialistes de faire figurer toute référence aux racines chrétiennes de l’Europe dans le préambule de celle-ci prouve une volonté à plus ou moins long terme d’ouvrir l’adhésion à l’UE à des pays non européens.
Stopper une évolution européiste destructrice
Bruno Gollnisch a tenu aussi à contredire les oiseaux de mauvais augure qui nous prédisent que « si la France dit Non ce sera le chaos, comme on nous l’avait dit lors du référendum sur Maastricht ». Les nationaux eux, font bien sûr l’analyse inverse car « l’Union européenne est sur une ligne qui est un cancer normatif, en pleine boulimie de compétences, qui détruit nos libertés, nos souverainetés, nos identités. Le Non serait un arrêt donné à cette évolution ». Et le Délégué général de rappeler que le vote négatif de la France sur la Communauté européenne de défense (CED) en 1954 n’avait pas empêché l’adoption du Traité de Rome trois ans plus tard, de même que « la politique de la chaise vide » menée par le général De Gaulle au sein de la Communauté européenne avait débouché sur le compromis de Luxembourg…Si le FN rejette l’euromondialisme, il est cependant favorable à la coopération entre Etats européens souverains assurant « l’intangibilité des frontières », « les échanges culturels, commerciaux », « permettant l’élaboration de projets précis, chiffrées et mesurables, comme ce fut le cas pour Airbus, Ariane ou le CERN », réalisations remarquables qui ne doivent rien à l’Europe bruxelloise. Et de la même façon, a-t-il poursuivi, si une politique de défense européenne commune est « un leurre », comme l’illustre par exemple les divergences d’intérêts politiques et géostratégiques entre la France et l’Angleterre, la mise en place de projets communs pour la mise en chantier de matériels militaires est à encourager.
« Poker menteur »
Le Délégué général du mouvement de Jean-Marie Le Pen s’est étonné également du silence qui a entouré les véritables « scoops » révélés par Carl Lang lors de sa conférence de presse du 18 mars (FDA Quotidien du 19/03/2005). Le Secrétaire général du FN avait en effet mis a jour la « partie de poker menteur » à laquelle se livre Jacques Chirac et les politiciens de l’UMPS, dénonçant la directive Bolkestein sur la libéralisation des services, alors même qu’ils l’ont actée et défendue avec constance depuis 2000 et que le principe de ladite libéralisation est affirmé noir sur blanc dans la Constitution pour laquelle ils appellent à voter ! Bruno Gollnisch a fait part de sa conviction que le « Non » est majoritaire et se renforce au sein de l’électorat socialiste, et que la division des caciques du PS sur cette question, ne sera pas sans laisser des traces dans un avenir proche, notamment lors de la bataille interne qui se dessine pour la présidentielle de 2007. « Un éclatement du PS est possible » a-t-il ajouté.
Mobilisation
Le dirigeant du FN a exprimé sa satisfaction devant la décision prise par le pouvoir d’accorder aux partis politiques représentatifs des moyens et un temps d’antenne dans le cadre de la campagne officielle. Il s’est notamment réjoui que pour la première fois soit pris en compte le nombre de voix réalisés par les listes Le Pen, en l’occurrence ici aux élections européennes de juin 2004. Les 800 000 euros alloués au FN ne permettront cependant pas d’envoyer à chaque électeur français un document expliquant l’engagement de la droite nationale pour le « Non » a-t-il déploré, alors que la propagande des partisans du « OUI » s’étale à plein, Bruno Gollnisch pointant « un manque d’équité flagrant ». Pour autant cette somme permettra notamment au FN d’organiser autour de Jean-Marie Le Pen un défilé du 1er mai qui aura cette année un lustre tout particulier, sous le signe de la défense des travailleurs français et du « NON » à la disparition programmée de la France. Et entre cette date et le 29 mai, plusieurs grandes réunions publiques seront organisées dans les capitales régionales (Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Bordeaux, Toulouse) et bien sûr à Paris à quelques jours du scrutin…
De l’utilité de Villiers…
Interrogé sur la campagne villiériste pour le « Non », Bruno Gollnisch a souligné le plagiat souvent éhonté de la campagne frontiste par ce dernier, bénéficiant d’un appui médiatique que ne justifie en rien son poids politique. Un président d’un MPF fantomatique, une coquille vide sans militants qui a obtenu trois à quatre fois moins d’électeurs que le FN en juin 2004… ». « Le vicomte Philippe de Villiers est un baron » a noté le Délégué général du FN, affirmant ne pas comprendre ce « grand écart permanent » de de Villiers qui dit que « Chirac est un traître qui brade l’indépendance de la France, aliène nos libertés », pour mieux appeler ensuite à voter pour lui. Mais il est vrai que dans le cadre du système, Villiers à son utilité, une fonction bien établie. Et Bruno Gollnisch de faire le parallèle avec la stratégie marketing de « Procter & Gamble », consistant à diffuser plusieurs marques de lessives concurrentes sur le marché, afin de mieux l’occuper…
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