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 Hier, Sandra Bakutz, aujourd'hui, Bahar Kimyongür

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Jacky
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Jacky


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MessageSujet: Hier, Sandra Bakutz, aujourd'hui, Bahar Kimyongür   Hier, Sandra Bakutz, aujourd'hui, Bahar Kimyongür EmptyDim 21 Mai - 8:36

Hier, Sandra Bakutz, aujourd'hui, Bahar Kimyongür Sandra-2

Il y a un peu plus d'un an, une jeune Autrichienne, Sandra Bakutz, est arrêtée à l'aéroport Atatürk d'Istanbul. On est alors le 10 février 2005.
Son crime ? Militer à gauche, dénoncer l'isolement carcéral et la torture en Turquie.
Ca ne vous rappelle rien ?

Sandra Bakutz n'a aucun rapport a priori avec la Turquie outre son intérêt pour la culture du pays et sa maîtrise parfaite de la langue turque.
Dans le cadre de son activité journalistique, elle s'était rendue en Turquie au début de l'année 2005, ce qui est très récent encore, pour assister au procès éminemment politique de membres de l'opposition turque.
Elle publie notamment dans le Junge Welt, journal de la presse alternative allemande.

A son arrivée, c'est avec surprise qu'elle est transférée à la maison d'arrêt de Paşakapısı d'Üsküdar avec l'accusation d' "appartenance à une organisation illégale" car la Turquie la considère comme une membre du DHKP-c étant donné ses prises de positions.

A l'époque, l'arrestation arbitraire d'une jeune journaliste autrichienne pour ses opinions qui dérangent l'appareil d'Etat turc avait suscité l'émotion, surtout en Autriche.

Elle a reçu le soutien de Reporters sans frontières, une ONG qui milite pour la liberté de la presse et donc la liberté d'expression et de personnalités politiques, notamment des ministres autrichiens et du milieu associatif bien sûr.
Finalement, le 1 juin, elle est libérée faute d'éléments à son encontre.

Hier, Sandra Bakutz, un an plus tard, Bahar Kimyongür.

Quelles leçons tirer de ces deux évènements récents ?

On savait que la Turquie craignait comme la peste l'opposition existante au sein de ses frontières.
On ne compte plus les partis politiques empêchés d'exercer leur rôle démocratique, intimidés voire tout simplement supprimés. Le scrutin est officiellement proportionnel mais le seuil à atteindre pour être représenté à la "Türkiye Büyük Millet Meclisi" (Grande Assemblée Nationale de Turquie) évince systématiquement les petits partis.
Sans compter les opposants déclarés tout simplement illégaux ou "terroristes".

L'opposition ne trouve pas la démocratie très confortable en Turquie mais, cela, on le savait.
Ce qui est nouveau, c'est de voir que l'opposition "en exil" ou qui agit en dehors des frontières turques est elle aussi implacablement poursuivie et combattue.
On pourrait citer Dogan Özgüden et son épouse İnci Tugsavul qui font un travail d'information sur la Turquie à Bruxelles en dénonçant régulièrement les atteintes aux droits de l'homme depuis plus de 25 ans.
Il faut savoir qu'il y a toujours un mandat d'arrêt qui court à son encontre en Turquie.

La tactique consiste à tenter d'intimider tous ceux qui oseraient sortir de la ligne.
Vous pouvez louer Atatürk pour l'occidentalisme forcené qu'il a imposé à la Turquie, le vote des femmes précoce, la laïcité, etc.. Vous pouvez dire que la Turquie est un beau pays, que vous voulez visiter une région, qu'il est suffisamment développé pour entrer en l'Union européenne.
Mais si vous dénoncer en toutes lettres : l'isolement carcéral, la torture, les dérives liberticides et anti-démocratiques, les réfugiés intérieurs, la politique unitaire intolérante... alors vous franchissez une ligne rouge et vous devenez un ennemi.
Vous êtes alors passibles d'être arrêtés à la frontière, on peut lancer un mandat d'arrêt international à votre encontre, vous devenez subitement un terroriste dangereux qu'il faut arrêter.
Ca peut paraître énormissime mais c'est le constat empirique et purement factuel que l'on peut tirer jusqu'à maintenant.

Ceci est d'autant plus parlant qu'à l'aube des négociations d'adhésion avec l'Union européenne, les opposants sont des voix dérangeantes qu'il convient à tout prix de faire taire.

Voir le site de Reporters Sans Frontière.
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Jacky
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MessageSujet: Re: Hier, Sandra Bakutz, aujourd'hui, Bahar Kimyongür   Hier, Sandra Bakutz, aujourd'hui, Bahar Kimyongür EmptyDim 21 Mai - 15:54

Après Sandra Bakutz mais avant Bahar Kimyongür : Zübeyde Ersöz.
Une opposante kurde, journaliste de profession, terroriste pour la Turquie (sans blague), qui attend d'être extradée vers la Turquie. Le Luxembourg examine la demande d'extradition (!)

Arrow

Droit d'asile : La "terroriste"

Réfugiée politique ou terroriste?


Une jeune journaliste kurde est incarcérée à Schrassig. La Turquie veut son extradition.

Le Luxembourg va-t-il se plier aux exigences d'un Etat qui n'hésite pas à tuer ses opposants politiques?

Rischard Graf



La biographie de Zübeyde Ersöz, actuellement en prison à Schrassig, se lit comme un cas de figure exemplaire d'une victime de persécutions politiques dans son pays d'origine. Né en 1971 à Bingol, dans la région kurde de la Turquie, elle connaît lors de sa jeunesse les années les plus dures de la répression anti-kurde des autorités turques.


Comme sa soeur Gurbetelli, rédactrice en chef du journal Özgür Gündem, elle se lance dans le journalisme et milite dans le "parti de la femme ouvrière kurde".


Au début des années 1990, lorsque une certaine Tansu Ciller, alors premier ministre, avait émis la consigne que l'opposition kurde devait être "réduite au silence", les journalistes d'Özgür Gündem sont persécutés. Comme 160 autres journalistes kurdes, la rédactrice en chef disparaît et va trouver la mort dans des conditions non élucidées jusqu'à présent. Mais aussi le frère de Zübeyde Ersöz, un médecin engagé qui ne s'est pas refusé à soigner des militants kurdes en fuite devant l'appareil sécuritaire de la Turquie, a été tué pendant cette période.


Zübeyde sera arrêtée et torturée, mais réussira à fuir en Allemagne où elle dépose une demande d'asile politique en novembre 1993. Elle restera en Allemagne pendant des années. Grâce à des autorisations provisoires, elle peut même exercer son métier de journaliste et travailler comme correspondante pour Özgür Gündem et d'autres journaux kurdes. Mais sa demande d'asile sera finalement rejetée en décembre 1995, comme celle de beaucoup d'autres kurdes. L'Allemagne, qui entretient des relations politiques et économiques privilégiées avec la Turquie, s'obstine à ne pas reconnaître les persécutions dont sont victimes les kurdes et notamment ceux qui sont politiquement engagés.

Zübeyde Ersöz quitte le territoire européen pour se lancer dans une autre aventure : pendant près de dix ans, elle travaillera dans le camp de Mahmur, au nord de l'Irak. C'est un des camps installés par les Nations-Unies suite à la première guerre du Golfe, dans la zone autonome kurde. Elle continue à faire des papiers pour différents organes de presse, et travaille notamment comme enseignante dans le camp de réfugiés.

Début 2006, elle apprend que les services secrets turcs l'ont repérée et elle reprend le chemin de l'exil. Via la Hongrie, elle arrive au Luxembourg, où elle est attendue par une famille kurde, dont le statut de réfugiés politiques avait été reconnu depuis plusieurs années. La mère de la famille avait elle aussi travaillé dans le camp de Mahmur, c'est là que les deux femmes ont fait connaissance et que Zübeyde Ersöz a entendu pour la première fois parler d'un pays démocratique en Europe épris des droits humains appelé Luxembourg.

Le 14 février 2006, accompagnée d'un avocat qui lui a été suggéré par sa famille d'accueil, la réfugiée se présente une première fois au ministère des affaires étrangères pour y déposer sa demande d'asile. Malgré une attente prolongée, elle ne sera pas reçue et on lui signale qu'il faudra revenir le lendemain. Elle se présentera le lendemain sans avocat mais accompagnée par une interprète.

Lorsqu'en soirée son avocat veut prendre de ses nouvelles, on lui signale que Zübeyde Ersöz a été incarcérée à Schrassig, suite à une mandat de recherche d'Interpol. Sa cliente serait une dangereuse terroriste.

L'isolement au lieu de l'asile

Le jour même, le ministre des affaires étrangères rejette la demande d'asile politique de Zübeyde Ersöz, invoquant l'article 1.f. de la convention de Genève : l'asile politique peut être refusé à des personnes ayant commis des crimes graves, tels que les actes de terrorisme. Sans que l'avocat ait pu intervenir, Zübeyde est transférée en cellule d'isolement à Schrassig où on attend avec une certaine anxiété "la terroriste", à laquelle un régime de sécurité renforcé est appliqué.

L'avocat doit tout mettre en oeuvre pour se procurer le dossier de Zübeyde Ersöz qu'on a confisqué à sa cliente lors de son incarcération. En recevant de la main du procureur une copie de l'avis de recherche, l'avocat signale immédiatement que la photo - de mauvaise qualité - ne correspond guère au physique de sa cliente. Mais ceci n'empêche pas les autorités de la maintenir en prison.

L'avocat introduit une demande de libération provisoire auprès de la chambre du conseil du tribunal d'arrondissement. L'affaire sera délibérée le 9 mars (voir woxx 839 et 840), mais Zübeyde Ersöz ne sera pas mise en liberté. Ceci malgré un nombre impressionnant de pièces rassemblées par l'avocat pour prouver que sa cliente ne pouvait pas avoir commis les actes terroristes dont les autorités turques l'accusent. L'avis de recherche d'Interpol comporte une liste d'actes terroristes qui se situent entre septembre 1994 et octobre 1995. Or, Zübeyde Ersöz était justement en Allemagne pendant cette période et assistait à de nombreuses auditions en relation avec sa demande d'asile politique.

En plus, l'avocat fait état des nombreuses tentatives de dénigrement de l'Etat turc envers les personnes engagées politiquement, qui sont systématiquement accusées d'actes de terrorisme pour pouvoir les faire arrêter même en dehors du territoire national.

Les autorités luxembourgeois tant politiques que judiciaires remettent ainsi le sort de Zübeyde entre les seules mains de la Turquie, qui dans un délai de quarante jours doit déposer une demande d'extradition formelle aux autorités grand-ducales. Le message a été bien reçu à Ankara, car ses parents qui n'ont pas vu leur fille depuis une douzaine d'années, ont reçu la visite d'agents de la sécurité turque pour leur faire signer un papier qui comporte la vraie photo de Zübeyde, le jour qui suivait son arrestation à Luxembourg. Entre-temps, une demande d'extradition non formelle a été remise aux instances luxembourgeoises, il manque encore la signature du ministre des affaires étrangères turc, ce qui devrait se faire dans les prochains jours.

Il appartiendra alors à la chambre du conseil de la cour d'appel de statuer sur le sort de la journaliste kurde. Si elle tranche en sa faveur, l'affaire est définitivement classée et elle sera libérée. Dans le cas contraire, le dernier mot reviendra au ministre de la justice qui peut s'opposer à une extradition. Si l'avocat se dit optimiste de pouvoir convaincre les autorités luxembourgeoises qu'une extradition est injustifiée, le déroulement de cette affaire jusqu'à ce jour laisse cependant présager du pire.

Indépendamment de cette procédure en relation avec l'avis de recherche international, l'avocat de Zübeyde Ersöz a formulé un recours gracieux à l'adresse du ministre des affaires étrangères relative à la demande d'asile politique. Celui-ci devrait réagir à la mi-avril pour éventuellement revenir sur sa décision initiale de ne pas accorder l'asile politique. Jusqu'à présent, le ministre n'a pas pris position et il n'a pas donné suite aux demandes répétées de la rédaction du woxx, d'expliquer sa décision initiale, prise dans la hâte.


Article de Rischard Graf dans Woxx du 24 mars 2006

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