Sarkozy: "n'y a-t-il pas d'autre urgence" que négociations avec la Turquie
icolas Sarkozy, président de l'UMP et numéro deux du gouvernement, s'est interrogé samedi sur l'opportunité d'ouvrir en octobre des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, demandant s'il n'y a "pas d'autre urgence", lors d'une réunion des cadres de son parti à Paris.
Après avoir appelé à "repenser notre stratégie européenne", le nouveau ministre de l'Intérieur a estimé que la "première priorité" était de "fixer des frontières géographiques à l'Europe".
"L'élargissement à l'Est que j'ai soutenu mais qui a été insuffisamment préparé et pas du tout expliqué, a pesé lourd dans la victoire du non" au référendum du 29 mai sur la Constitution européenne, a-t-il estimé.
"Est-il raisonnable d'ouvrir des négociations avec la Turquie puisqu'il s'agit d'une grande nation d'Asie mineure, pas d'Europe?", a-t-il demandé. "Il y aurait moins d'aigreur à proposer tout de suite un statut de partenaire privilégié plutôt que de poursuivre des discussions commencées il y a 40 ans et, pour cause, jamais terminées".
"N'y a-t-il pas d'autre urgence que celle d'engager des négociations avec la Turquie?", a-t-il insisté.
Patrick Devedjian, conseiller politique du président de l'UMP et ancien ministre, s'est montré encore plus virulent sur cette question.
"Nous devons demander que l'ouverture des négociations soit reportée. Surtout quand les élections allemandes de septembre laissent présager un nouveau gouvernement allemand, avec un changement radical de politique: il serait décent d'attendre", a-t-il affirmé, après avoir rappelé que "le chancelier (Gerhard) Schroeder a été le militant le plus acharné à cette cause".
Selon lui, "le mot +décence+ a tout son sens dans cette affaire si on veut bien considérer qu'il est inconvénient de discuter d'une association avec un Etat qui occupe militairement une partie de notre territoire européen (...) à savoir le nord de Chypre. Et il reste encore un +mur de la honte+ en Europe, celui qui coupe Nicosie en deux", a-t-il ajouté.
M. Devedjian a également affirmé que "malgré les discours, la Turquie n'a fait aucun progrès réel sur le chemin des valeurs qui fondent l'Union européenne", en insistant sur "la situation des femmes" dans ce pays, la non-reconnaissance par Ankara du génocide des Arméniens et "la situation faite aux minorités, kurde et chrétiennes".
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