dimanche 1 mai 2005, 16h26
Dans les rangs du FN, les "fils d'Adolf" crient non à l'Europe et la Turquie PARIS (AFP) - "Nous crions deux fois non: non à l'Europe, et non à la Turquie", explique avec virulence Bernard, 58 ans, responsable pour le FN d'une des circonscriptions vosgiennes, dimanche à Paris pendant la manifestation du 1er mai de son parti auquel il est adhérent depuis 13 ans.
Participant pour la première fois à la fête de Jeanne d'Arc, un groupe de jeunes âgés de 18 à 30 ans, qui se présentent comme les "fils d'Adolf", confirme en bloc. "Chez nous, on sent un gros rejet de la Constitution européenne. Nous allons être contagieux", prévient "Goebbels".
"Turquie+Constitution: Non, je garde la France", ou "Chirac, Turquie, trahison", proclament les affiches de manifestants qui arborent un tee-shirt orange sur lequel est inscrit un Non.
Deux maghrébins et un noir croisent la manifestation du FN et se font accueillir par des cris de singe, avant de s'éloigner prestement.
Peu à peu, le cortège de 3.200 personnes (selon la police) se met en branle. Les responsables du mouvement lepéniste ont, eux, annoncé la présence de 20.000 sympathisants.
Sonia est venue de Normandie, avec ses trois enfants et son mari. Son fils de 13 ans porte déjà pour la 9e fois le drapeau tricolore. Sur ses épaules, sa petite soeur crie "France, Le Pen, Liberté". "La Constitution, c'est l'abolition de notre souveraineté. Ce traité qui annonce délocalisations et chômage est négatif pour les jeunes générations", explique la mère.
A côté de cette "catholique pratiquante", défilent de jeunes Alsaciens, plus contestataires. Chez eux, la croix celtique a remplacé la croix romaine. Souvent rasés, ils arborent la tenue officielle du parfait skinhead : rangers, bombers, chaînes et visages durs. Une jeune fille a laissé ses bras dénudés, étalant devant tous ses tatouages agressifs.
Arrivé devant la statue de Jeanne d'Arc, Jean-Marie Le Pen dépose une gerbe de fleurs sur laquelle on peut lire "Avec toi, Jeanne, pour la France". Le cortège reprend sa route vers la place de l'Opéra, accompagné de marches militaires que joue au tambour une vieille femme en treillis. Les anciens combattants, portant bérets, médailles et drapeaux, ferment le ban.
A l'Opéra, des échoppes vendent littératures, babioles, disques de groupes néonazis et autres bijoux celtiques. Une carte postale met en garde contre "la juiverie internationale". Une autre représente un nazi faisant le salut hitlérien, avec comme légende: "juste un petit salut pour te dire que je pense à toi très fort". "Je suis fachopositif, tu danses avec moi?", dit une troisième. Un pastiche de Tintin, sous l'intitulé "Tintin au pays du 9-3", met en scène le célèbre reporter poursuivi par des Arabes. Il est l'oeuvre de la maison d'édition "Fromage Blanc".