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 Alain Minc : «Le non serait la défaite absolue du gaullisme»

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JacquesBey
Honorable Aventurier du Baklava Envoûtant
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JacquesBey


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MessageSujet: Alain Minc : «Le non serait la défaite absolue du gaullisme»   Alain Minc : «Le non serait la défaite absolue du gaullisme» EmptyLun 11 Avr - 11:27

QUELLE EUROPE VOULONS-NOUS ?» Une série du «Figaro»
Alain Minc : «Le non serait la défaite absolue du gaullisme»
Propos recueillis par Alexis Lacroix
[11 avril 2005]

LE FIGARO. – A sept semaines du référendum, la Constitution semble incapable de remporter l'adhésion de la moitié des électeurs. Quelle Europe veulent les Français ?

Alain MINC. – Au regard des contraintes qui se sont exercées sur les constituants, le résultat de leurs travaux me semble excellent. Équilibrant les attentes des nouveaux membres et les exigences des anciens, pondérant l'influence des fédéralistes par celle des non-fédéralistes et s'arrangeant de la présence des Britanniques, Valéry Giscard d'Estaing n'a commis qu'une seule erreur : nommer le texte du traité «Constitution». C'est précisément cette dénomination qui a empêché une ratification par la voie parlementaire. Le référendum est pareil à une «vérole» antidémocratique que la France aurait propagée dans l'ensemble de l'Europe. Après tout, le référendum fut conçu comme une traduction en langage démocratique du plébiscite napoléonien. Aujourd'hui, il équivaut à la transcription institutionnelle du désaveu de la démocratie représentative. Avec l'affaiblissement des corps intermédiaire, il est périlleux d'y recourir. Je crains qu'en choisissant la voie référendaire, on ait accompli, sans le dire, un choix idéologique en faveur de la démocratie d'opinion. Même si Jacques Chirac s'emploie à déjouer la transformation du référendum du 29 mai en plébiscite, nous sommes dans une conjoncture qui évoque, par bien des aspects, et en pire, celle qui a précédé la ratification du traité de Maastricht.

De quel projet européen le traité est-il porteur ?

Le texte du traité est une proclamation audacieuse et exigeante du modèle européen, qui se distingue fortement du modèle américain.

En quoi, exactement ?

Le préambule du traité ménage l'équilibre entre protection et compétition. Notre vision des droits et des devoirs diverge de plus en plus de celle des Américains. Contrairement à ce qu'on entend ici ou là, nous n'assistons pas à l'affrontement de deux modèles européens. Un système de valeurs unique rassemble les Vingt-Cinq. On devrait se féliciter que l'Europe assume des valeurs qui la distinguent radicalement du reste de la planète. La Constitution n'est pas porteuse d'une dérive «ultralibérale». C'est seulement en fonction des équilibres politiques que la Commission opte pour des solutions sociales ou, au contraire, plus libérales. En assumant des orientations libérales, la commission Barroso est un reflet fidèle de la sensibilité majoritaire au sein du Parlement européen actuel. Cette adéquation témoigne d'un progrès démocratique des institutions européennes.

Pour l'heure, le non semble tout à fait susceptible de l'emporter. Faut-il agiter l'alternative : «Le oui ou le chaos ?»

Les adversaires de la directive Bolkestein croient-ils une seconde qu'une France mise à l'index de l'Europe par son refus de la Constitution trouverait encore les ressources pour «frapper du poing sur la table», ainsi que Jacques Chirac l'a fait récemment sans grâce comme à son habitude, mais avec l'efficacité dont il est capable ? La France du non n'a pas les moyens d'apaiser les angoisses qu'elle fédère. Si les Français s'avèrent plus anxieux que leurs voisins, c'est d'abord parce que l'effort d'une pédagogie de la mondialisation n'a jamais été consenti.

Depuis deux décennies, la France s'est modernisée sous l'impulsion de l'Europe, mais ses élites politiques n'ont pas cessé de diaboliser devant les Français les mesures raisonnables qu'elles votaient, dans le même temps, à Bruxelles. Cette culpabilisation démagogique de «Bruxelles» par la classe politique française est une terrible machine à fabriquer du non.

Contre cette hypocrisie, il faudra un jour avoir le courage de tenir un discours de vérité. Et de reconnaître, par exemple, que la Commission de Bruxelles est une administration mieux gérée et plus économe que n'importe quelle administration française. Au cours des huit prochaines semaines, l'aréopage hétéroclite de Marie-George Buffet et de Philippe de Villiers, cimenté par l'alibi intellectuel qu'est censé lui conférer le fabiusisme, va devoir abattre ses cartes.

Quelles sont les «cartes» de la coalition du non ?

La carte antilibérale ou protectionniste, d'abord. Mais de deux choses l'une... si les champions du non protectionniste mettent en cause l'adhésion à l'Europe et enjoignent la France de «reprendre ses billes» et d'abandonner l'aventure européenne, ils conservent au moins le mérite de la cohérence. Mais si, à l'instar de Laurent Fabius, ils chargent la Constitution en lui opposant les mérites supposés du traité de Nice, ils bercent les Français d'illusions et d'inepties. La deuxième carte est agitée par d'autres partisans du non : c'est celle, nationaliste, des souverainistes. La vue bornée par la ligne bleue de nos frontières, ils oublient que la France existe avant tout grâce à l'image qu'elle projette dans le monde. Il suffit de se rendre chez nos voisins pour imaginer la Schadenfreude, la joie mauvaise qu'ils éprouveraient si le non devait l'emporter le 29 mai.

Joie mauvaise, dites-vous. Mais pourquoi ?

Si leurs options gagnaient, les souverainistes ne mesurent pas le bannissement qu'endurerait notre pays. Non dans les seuls jeux institutionnels, mais aussi dans les opinions européennes ! Ils n'ont aucune idée de la vengeance qui s'exercerait alors symboliquement contre des décennies d'une assurance longtemps ressentie comme de l'arrogance. Il faut le répéter contre les sirènes de la démagogie : les abandons de souveraineté bien choisis sont les meilleurs instruments de protection du modèle français. La France, comme l'Italie, vit plutôt bien parce qu'elle est une rentière de l'euro. La classe moyenne de notre pays, par ses valeurs comme par la structuration progressive de son pouvoir d'achat, ne peut logiquement qu'assumer un engagement pro-européen. Que peut sérieusement attendre du non un Français issu de la classe moyenne, cette quintessence de l'homo europeanus ? Soyons un peu sartriens dans cette affaire. Reconnaissons que les pays, comme les individus, sont façonnés par le regard des autres. Il faut toute la force d'une cécité aux perceptions de nos voisins pour croire que le non serait autre chose que la défaite absolue du gaullisme, car ce serait la fin de cette fierté française dont de Gaulle fut le héraut.

Les postures de refus séduisent. Du non aux États-Unis dans l'affaire irakienne au non à la Constitution, un nouveau «code culturel» de l'élite française émerge-t-il ?

La faute revient peut-être au mélange de coquetterie et de frivolité qui caractérise une partie de la république intellectuelle de ce pays. A l'aune médiatique, une harangue anti-européenne sera toujours plus saisissante qu'un plaidoyer raisonné et argumenté en faveur de la Constitution. Mais, plus fondamentalement, l'emphase du non français à la guerre en Irak a un effet à retardement. Nourrissant le goût des antagonismes radicaux, quasi «schmittiens», cet emballement se retourne aujourd'hui contre ceux-là mêmes qui se sont opposés hier aux Américains et qui militent aujourd'hui en faveur du oui à la Constitution.

Les partisans les plus fervents du oui répètent à l'envi que la Constitution et la candidature turque n'ont rien à voir. Est-ce judicieux ?

Nicolas Sarkozy a en tout cas raison de faire valoir que la Constitution, en prônant un modèle européen exigeant, met la barre très haut pour la Turquie ! Il est toujours loisible d'être défavorable à l'adhésion d'Ankara. Mais une France abaissée par son isolement après une victoire du non aurait-elle encore la force d'opposer son veto à l'entrée d'Ankara ? La Turquie a vocation à appartenir au deuxième cercle de l'Europe. Partant de là, soit on considère que le premier cercle est constitué des Vingt-Cinq, et la Turquie doit être associée à l'Union européenne par un partenariat privilégié ; soit on parie que la Turquie rejoindra les Vingt-Cinq, d'où se dégageront un «noyau dur» et un deuxième cercle. Dans cette optique, il est possible de transformer l'arrivée de la Turquie en accélérateur de l'intégration européenne, en poussant à la création de ce noyau dur

Que voulez-vous dire ?

Qu'en bon judoka, on peut convertir la candidature d'adhésion de la Turquie en moyen de parachever l'intégration européenne... Le préalable, c'est que la création du noyau dur ne soit pas abandonnée empiriquement aux aléas des coopérations renforcées. Les dix pays qui se situent à l'intersection de Schengen et de l'euro ont vocation à signer un accord intergouvernemental, par lequel ils s'engageraient à décider, suivant les parités de vote de la Constitution, de nouer – ou de ne pas nouer – des coopérations renforcées. Cette initiative est à la portée des chefs de gouvernement de l'Europe continentale. Un tel «pack» de 10 pays pourrait, de surcroît, exercer un veto sur les coopérations renforcées. L'Europe que j'appelle de mes voeux devrait être – à dix – la plus fédérale possible, et comporter, à vingt-huit, un deuxième cercle que les Turcs ont vocation à rejoindre.

Retrouvez toutes les tribunes de notre série «Quelle Europe voulons-nous ?» sur lefigaro.fr
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