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 Chikungunya, virus émergent

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Faj
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MessageSujet: Chikungunya, virus émergent   Chikungunya, virus émergent EmptySam 4 Mar - 17:44

Chikungunya, virus émergent

Méconnu et peu étudié, à la Réunion le «chik» a pris de court politiques et scientifiques. Qui s'arment pour faire face à de prochaines épidémies.

par Sandrine CABUT
QUOTIDIEN : samedi 04 mars 2006

Ile de la Réunion envoyée spéciale

Avis aux chercheurs du monde entier ! Les souches du virus du chikungunya isolées chez les malades de l'île de la Réunion sont dans le domaine public. «Nous les mettrons à disposition de toute équipe compétente», précise le Pr Antoine Flahault, président de la cellule nationale de coordination de la recherche sur la maladie du chikungunya. «Des spécimens vont aussi être envoyés au centre américain de Galveston, qui possède une banque de données complètement ouverte. Et les séquences génétiques du virus seront publiées.» Inhabituelle dans un monde de la recherche porté sur la compétition, la démarche avait déjà été adoptée en 2003, lors de l'épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère). Face à la menace sanitaire, «il n'était pas imaginable que des arrière-pensées économiques puissent retarder la recherche», note l'épidémiologiste.

«Comme des mouches». Apparu fin 2002 en Chine, le virus du Sras avait infecté plus de 8 400 personnes dans 30 pays, causant environ 900 décès. Comme le syndrome respiratoire aigu sévère, la grippe aviaire ou encore la fièvre d'Ebola, le chikungunya est une maladie «émergente». Le coronavirus du Sras était totalement inconnu jusqu'à l'épidémie de 2003. L'arbovirus du chikungunya, qui a touché près d'un quart de la population réunionnaise en un an, est par contre connu depuis 1953.

Connu, c'est beaucoup dire... En dehors de l'Afrique de l'Est, de l'Asie du Sud-Est et de l'Inde, où il circule périodiquement, personne avant ces derniers mois, hormis quelques spécialistes, n'avait entendu parler de lui. Même le médecin qui a donné l'alerte auprès des autorités sanitaires de l'île n'avait aucune idée de ce qu'était la «maladie de l'homme courbé» (chikungunya en swahili). «Début avril 2005, j'ai été appelé à domicile pour ausculter une femme d'une cinquantaine d'années qui présentait une fièvre élevée, raconte Michel Fabre, généraliste à Saint-Pierre, au sud de l'île. Elle avait des douleurs articulaires si intenses qu'elle était prostrée, incapable de se lever. Son mari avait eu les mêmes symptômes la semaine d'avant.» Quelques jours plus tard, leur fils tombe malade. Perplexe, le Dr Fabre fait le lien avec la grande épidémie de dengue qui avait sévi sur l'île en 1977-1978. Jeune médecin, il avait alors vu les malades «tomber comme des mouches» : un tiers des Réunionnais avaient été touchés, avec une mortalité de 1 malade sur 10 000, selon l'épidémiologiste Jean Julvez (1).

Hiver austral. Pas très convaincu d'avoir cette fois affaire à une dengue, Michel Fabre interroge ses confrères. Et tombe sur un généraliste du quartier voisin qui a observé des cas similaires. Il a même fait hospitaliser un homme d'origine comorienne, ressorti de l'hôpital avec le diagnostic de «virose». Le 14 avril, le Dr Fabre téléphone à la direction régionale des affaires sanitaires et sociales (Drass). Le médecin inspecteur, Christian Lassalle, l'informe qu'il pourrait s'agir d'un chikungunya, virose transmise par des moustiques Aedes. La maladie sévit aux Comores depuis janvier. Il conseille à Michel Fabre d'effectuer une prise de sang sur sa patiente. Un échantillon sanguin du malade qui avait séjourné à l'hôpital de Saint-Pierre est également envoyé au centre des arboviroses de Lyon. Les deux se révèlent positifs : le 29 avril 2005 pour le cas «importé» des Comores, le 9 mai pour le cas «autochtone». Entre-temps, la Drass a écrit aux médecins réunionnais pour attirer leur attention sur le «chik», maladie «bénigne n'entraînant pas de forme grave».

Dès le 11 mai, après la confirmation du cas autochtone, un système de surveillance est mis en place, principalement via les 31 «médecins-sentinelles» de l'île. Une recherche active ­ autour des cas signalés ­ est également organisée. C'est ainsi que les épidémiologistes détermineront, «a posteriori, dit Christian Lassalle, que l'épidémie avait démarré non pas à Saint-Pierre mais à Saint-Denis», vers la fin février 2005. Le 6 juin, 1 245 personnes ont été touchées, selon l'Institut de veille sanitaire. Quatre semaines plus tard, le 4 juillet, le bilan a grimpé à 2 310 cas. Mais il n'y a pas d'affolement car, par rapport à mai, le nombre de nouveaux cas progresse moins vite, semblant confirmer qu'avec l'arrivée de l'hiver austral, tout rentrerait dans l'ordre (lire page ci-contre).

Las! En septembre, non seulement le chik n'a pas disparu, mais des formes graves, jamais décrites dans la littérature médicale, apparaissent. «Nous commençons à diagnostiquer des cas de méningo-encéphalites chez des adultes et chez des nouveau-nés, alors que la transmission materno-foetale du virus n'était pas connue», témoigne Luis Campinos, chef du service de réanimation à Saint-Pierre. Seront ensuite décrites des complications cardiaques, hépatiques, etc. (Libération du 24 février 2006) ; tandis que les cas repartent à la hausse ­ plus de 200 par semaine.

Carrefour épidémiologique. La polémique enfle dans les journaux locaux puis dans les milieux politiques. Les critiques fusent, notamment à propos du système de recueil des cas, jugé peu performant ; et des insuffisances de la lutte antivectorielle ; enfin du manque de réactivité des politiques... Début 2006, en plein été à la Réunion, l'épidémie explose. Fin février, les épidémiologistes parlent de 20 000 nouveaux cas par semaine. Sur le terrain, généralistes et hospitaliers tentent de faire face au nombre et à la diversité des cas. «Après avoir diagnostiqué 410 patients, j'ai le chik dans la tête et dans les yeux», estime Gilbert Potier, généraliste et «médecin-sentinelle» dans l'ouest de l'île. Mais il reconnaît que, face à la multitude de symptômes, il n'est pas toujours facile de savoir si l'on a affaire à un chik atypique ou à de simples manifestations d'angoisse.

D'infection bénigne des pays en voie de développement, le chik devient une énigme médicale. Pourquoi a-t-il entraîné une épidémie aussi forte à la Réunion, avec des formes graves, voire mortelles (pour l'heure, 93 décès lui sont attribués) ? En attendant les résultats des multiples études déjà en cours (Libération du 1er mars), Luis Campinos avance quelques pistes. «D'abord, la Réunion est un carrefour épidémiologique entre l'Afrique australe, l'Europe et l'Asie, explique-t-il. Il y a beaucoup de brassage de populations et d'allées et venues.» Ensuite, les épidémies de chikungunya précédentes, survenues dans des pays sans système de veille épidémiologique, ont probablement été moins bien décrites. Les populations ne sont pas non plus comparables. «A la Réunion, beaucoup de gens vivent avec une maladie chronique qui, en Afrique, serait mortelle», note Luis Campinos. Et de citer le diabète, trois fois plus fréquent sur l'île qu'en métropole, et l'excès d'insuffisances rénales qu'il entraîne, de maladies cardio-vasculaires et de «sociopathies» telles l'obésité et l'alcoolisme: des terrains fragiles qui pourraient en partie expliquer les complications et les décès observés. La Réunion et Mayotte ne sont d'ailleurs pas les seules îles de l'océan Indien frappées par le chik. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui vient d'effectuer une mission sur place, l'île Maurice fait état de 2 553 cas et les Seychelles de 4 650 cas. Madagascar, en revanche, ne reconnaît officiellement pour l'instant qu'une épidémie de dengue.

Pôle de référence. Face au défi de ces virus, la France souhaite mettre sur pied un «centre de recherche et de veille sanitaire dédié aux maladies émergentes», qui serait un pôle de référence pour tout l'océan Indien. Il viendrait suppléer les systèmes existants ; tel le réseau international Reve, qui surveille une quinzaine de maladies, dont la dengue, la peste et la fièvre jaune. De son côté, l'OMS a conçu en 2000 un réseau mondial d'alerte et d'action en cas d'épidémie. «Nous avons en fait un double système de surveillance, précise l'épidémiologiste Isabelle Nuttall. Il y a d'une part un réseau d'alerte précoce, auquel collaborent de nombreux pays. Dès que des cas suspects sont signalés ou qu'une épidémie débute, nous en sommes informés. Nous disposons d'autre part d'un logiciel qui balaye en permanence le Web à la recherche de mots-clés, en six langues.»

(1) www.pathexo.fr/pdf/1998n1/Julvez.pdf Le taux de mortalité de cette crise semble comparable à celui de l'épidémie actuelle.
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