THÉ Et FEU
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 Europalia Russie

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AuteurMessage
Pedro
Honorable Aventurier du Baklava Envoûtant
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Date d'inscription : 14/04/2005

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MessageSujet: Europalia Russie   Europalia Russie EmptyLun 9 Jan - 20:09

Pour changer des enquêtes sur (...) l'Islam de Faj...

Europalia offre cette année aux habitants de Belgique un beau panorama culturel sur la Russie. Nous nous réjouissons que cette culture russe, que nous aimons, qui nous fascine et nous enchante, cette culture si féconde dans les arts comme la peinture, la musique, le théâtre, la littérature, soit représentée lors de cette édition d’Europalia, et que tous les habitants de Belgique puissent venir s’y ressourcer, s’en nourrir, intellectuellement, esthétiquement, affectivement. Mais nous ne pouvons savourer l’âme en paix cette culture si, lors de son passage à Bruxelles, en route pour le sommet Russie-Union européenne de Londres, le Président Poutine ne s’entend pas dire que nous, citoyens d’Europe et du monde, sommes conscients et très préoccupés de l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui la situation en Tchétchénie, et dont les métastases, à l’instar d’un cancer, se diffusent aujourd’hui à travers la Russie toute entière.

En mars 2005, un nouveau format de consultations Russie-Union européenne sur les droits de l’homme était inauguré, suite auxquelles l’Union européenne s’affirmait tout à fait satisfaite de la situation des droits de l’Homme en Russie. Ce 8 septembre 2005, à Bruxelles, le deuxième round de ces consultations officielles avait lieu. Les organisations de la société civile russe, surprises du communiqué de mars, avaient demandé à y être conviées, ou au moins à pouvoir transmettre des recommandations basées sur le travail de documentation qu’elles mènent, depuis des années, sur le terrain. N’y ayant été conviées malgré les demandes, les plus importantes d’entre elles, - dont Mémorial, l’organisation Entraide civique, la Fondation Glasnost, le Comité des Mères de soldats -, ont décidé de se réunir publiquement ce même jour, à Bruxelles également, pour y organiser des « audiences alternatives » publiques. Elles y ont exprimé tout ce dont elles auraient aimé faire part aux représentants officiels de la rencontre à huis clos. Les thèmes, malheureusement nombreux, témoignaient d’une régression démocratique dans de nombreux domaines : dégradation de la liberté de la presse avec un contrôle accrû des autorités sur les médias, dégradation des conditions d’organisation des processus électoraux avec une difficulté de plus en plus grande pour toute forme d’opposition politique à accéder au champ du débat, montée du racisme et de la xénophobie, fragilisation de la société civile et des organisations de défense des droits de l’homme, non indépendance de la justice et difficulté à lutter contre l’impunité, non protection des citoyens par les forces de l’ordre, aggravée au nom de la lutte contre le terrorisme, comme on a pu le voir lors des tragiques dénouements des prises d’otages du Nord-Ost puis de Beslan.

En filigrane, omniprésente jusque dans le non-dit, alpha et oméga de ces dérives : la Tchétchénie. La Tchétchénie, où la population civile est soumise à une guerre d’une violence inouïe depuis plus de dix ans qui, depuis sa reprise en 1999, n’a fait qu’allonger quotidiennement, à coups de bombardements, de sinistres opérations dites de « nettoyages » et de rafles ciblées, la liste des tués, disparus, mutilés, réfugiés. La Tchétchénie, qui a vu sa population déjà amputée d’un cinquième. La Tchétchénie, où plus de 10 000 soldats russes (25 000 selon les organisations de mères de soldats) ont trouvé la mort. La Tchétchénie, d’où des milliers de soldats sont revenus traumatisés. La Tchétchénie, par laquelle plus d’un million de militaires russes sont passés au cours de ces deux guerres, exportant ensuite hors de Tchétchénie l’impunité et la violence, comme on l’a vu lors d’un véritable pogrom en décembre dernier à Blagovechtchensk. La Tchétchénie, où une Armée russe de 80 000 hommes sur un territoire grand comme la Wallonie continue de ratisser, piller, arrêter et revendre des civils, secondée par ses supplétifs tchétchènes rompus aux mêmes pratiques d’exactions, de tortures, de reventes des corps…

La Tchétchénie, dont on ne parle plus beaucoup, sans doute parce que, à force du sentiment d’impuissance, tous perdent espoir : citoyens, personnalités, femmes et hommes politiques… ; parce qu’il n’y a sans doute rien de plus rébarbatif et désolant pour une opinion publique qu’une guerre qui dure ; parce que lorsque l’accès à la guerre est interdit aux témoins, aux journalistes, elle disparaît progressivement de notre géographie mentale et affective. Parce que, même si l’on sait, on préfèrerait ne pas savoir, ne pas voir, écrasés par ce sentiment d’impuissance.

Et parce qu’en plus, lorsque la radicalisation de la situation conduit une partie de la résistance tchétchène à commettre l’injustifiable, il devient alors commode de détourner le regard, muni d’une réponse prête à l’usage : « il n’y a maintenant plus personne avec qui négocier en Tchétchénie». En effet, la situation n’a jamais été aussi désespérante de ce côté-là. Le 8 mars 2005 a été liquidé celui qui ne cessait d’appeler les autorités russes à négocier. Aslan Maskhadov avait été élu Président tchétchène sous les auspices de l’OSCE en 1997 à l’issue de la première guerre ; il proposait un plan de paix invitant la communauté internationale, et en particulier l’Europe, à aider Russes et Tchétchènes à s’asseoir autour d’une table et à résoudre leurs différends politiques par des moyens politiques, sachant que l’option militaire était vouée à l’échec, à des listes de morts infinies, à une extermination lente, à la radicalisation, au terrorisme, au cercle infernal de la violence. Comment vaincre en effet une guerre de guérilla, quand la résistance trouve son mécanisme de reproduction et de renouvellement dans les exactions commises et l’impératif de vengeance ? Comment faire admettre à une population mutilée sur place et à une opinion publique une fausse normalisation, où la tchétchénisation ne fait qu’accentuer les risques de guerre civile, et où la poursuite des exactions ne fait qu’alimenter les risques d’autres actes terroristes ? Comment présenter une situation comme étant sous contrôle, quand la multiplication des escarmouches, règlements de comptes, explosions, violences, s’étend à l’Ingouchie et au Daghestan voisins ?

Pourquoi l’Europe politique a-t-elle préféré se taire, face à une population deux fois décimée ? Pourquoi a-t-elle préféré rester sourde à ses appels désespérés depuis les confins de l’Europe ? Pourquoi a-t-elle préféré sacrifier ce peuple sur l’autel de la Realpolitik ? Pourquoi n’a-t-elle pas protesté lorsque le Président Maskhadov a été tué, pourquoi a-t-elle laissé sa dépouille rejoindre une fosse anonyme, alors que sa famille et son peuple lui demandaient seulement ce dernier acte de décence et d’honneur, celui de pouvoir être enterré près de ses proches ? Etait-ce rendre un service à la Russie, que de ne pas l’aider à mettre un terme au conflit, de laisser son Armée et ses acolytes tchétchènes pro-russes continuer de commettre des exactions ? De laisser la guerre et son travail de sape déchirer, disloquer, radicaliser une société tchétchène laminée par la guerre, le désespoir, l’absence d’avenir ?

A présent Chamil Bassaev, le sanguinaire chef de guerre tchétchène, se trouve dans le gouvernement indépendantiste tchétchène, d’où a été exclu Ilias Akhmadov, ancien Ministre des Affaires Etrangères qui appelait, avec A. Maskhadov, inlassablement, à négocier, à « européaniser » ce conflit pour le résoudre. Se retrouvent à présent, face à face, les partisans de la radicalité, debout sur les ossements des modérés évincés.

Cet échec de l’Europe politique est le succès de tous ceux qui, en Russie et en Tchétchénie, souhaitaient l’escalade de la violence et non la paix. Dur échec pour une Europe à laquelle se réfèrent la Russie et la Tchétchénie, ne serait-ce que par leur géographie et leur culture, dont une partie se nourrit d’un héritage commun. Pour une Europe vers laquelle continuent d’affluer des familles tchétchènes brisées, en quête d’un peu de répit dans nos pays.

Pourquoi nous citoyens, ne voulons détourner les yeux ? Parce qu’à trois heures d’avion d’ici, dans un pays que nous aimons et qui s’appelle la Russie, un peuple meurt à petit feu. Parce que nous souhaitons que cette culture russe qui s’offre à nous ne le soit pas au prix d’une schizophrénie, où l’on savourerait une culture russe riche et féconde, mais où l’on baisserait les yeux, pudiquement, en faisant comme si nous ne savions pas que sur un tout petit territoire du Sud de la Russie, une guerre tue se poursuit. Nous aimons la Russie, et c’est par respect pour elle et pour son avenir que nous nous exprimons.

C’est aussi pour exprimer ce sentiment que la culture a pris la parole, lors des « Premières Rencontres » au Théâtre de Poche à Bruxelles. Et le samedi 17 septembre, avant la dernière représentation d’une pièce montée conjointement par des comédiens belges et tchétchènes, une tribune donnait la parole au journaliste et écrivain russe Andreï Babitski, et à un écrivain tchétchène, réfugié en Belgique, Zamboulat Idiev. Plus discret, dans la salle, un autre écrivain tchétchène également réfugié en Belgique, Soultan Iachourkaev, qui avait tenté, plein d’espoir, d’alerter les intellectuels et artistes russes sur la guerre de Tchétchénie, lors de son bref séjour à Moscou, avant de devoir quitter la Russie pour rejoindre la Belgique qui allait l’accueillir. Tous trois ont participé à un recueil, dans lequel les cultures russe et tchétchène se tutoient et disent à l’unisson l’absurdité et la douleur de cette guerre.

Puisse l’Europe les entendre.

Aude Merlin est doctorante à l’IEP de Paris et co-auteure de Tchétchénie, une affaire intérieure ? Russes et Tchétchènes dans l’étau de la guerre, Autrement, 2005

Une « première guerre » a eu lieu de 1994 à 1996. Après trois ans de chaos, la guerre reprend en 1999.

Soutenu par près de 40 000 citoyens, personnalités etc… disponible sur www.chechnya-mfa.info

http://www.petitiononline.com/tchetche/petition.html.

Des Nouvelles de Tchétchénie, Editions Paris-Méditerranée, Paris, 2005. Les deux auteurs résidant en Belgique présenteront leurs œuvres au théâtre de Namur le 24 novembre, et à la librairie Quartiers latins à Bruxelles le 11 février.


Suite Programme (à confirmer)
Le 1er février petit déjeuner rencontre à l'Université Libre de Bruxelles
Le 23 février: journée tchétchène à l'Université Libre de Bruxelles
(organisés par l'Autre Cercle, Etudes Sans Frontières, et Groupe Tchétchénie)

Site à visiter: www.groupetchetchenie.org

Voili voilà

Pédro
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MessageSujet: pour compléter le programme   Europalia Russie EmptyLun 9 Jan - 20:44

http://www.kvs.be/fr/kvs_inside/inside_gast.php?titel=Anathema&kalender=yes

Un tite pièce de théâtre

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