TEHERAN, 15 nov 2005 (AFP) - Le nouveau ministre iranien de la Culture, Hossein Safar Harandi, a annoncé une purge dans ses services et un retour à une politique conforme à l'islam après les années Khatami, a rapporté mardi l'agence estudiantine Isna.
"Certains voudraient faire croire que la culture ne doit connaître aucune restriction; ce que nous voulons, nous, c'est un cinéma et un théâtre conformes à nos croyances religieuses", a-t-il déclaré dans un discours devant les imams de prière du pays réunis à Téhéran.
Sous l'ancien président réformateur, Mohammad Khatami, les responsables du cinéma au ministère "ne voulaient pas accepter le fait que ce pays ( Iran ) est celui du Douzième Imam et que la Constitution ne permet pas que l'on contrevienne à la charia", la loi islamique, a-t-il dit.
Dans le chiisme, religion d'Etat, le retour du Douzième Imam, disparu en 873, sauvera le monde et marquera l'avènement de la justice sur terre.
La référence à "l'Imam caché" fait florès dans les discours officiels depuis que l'ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad, chantre de la pureté islamique et révolutionnaire, a accédé à la présidence en août.
Les responsables du cinéma "ont été changés", a indiqué le ministre, ancien des Renseignements.
Mais ils ne sont pas les seuls: c'est le cas aussi du responsable de l'édition, qui lui-même "est en train de changer avec beaucoup de soin ses subordonnés", a-t-il ajouté.
"Quelquefois, il ne suffit pas de changer le responsable, il faut aussi changer ses collaborateurs", a-t-il expliqué.
Quant à la presse, Safar Harandi n'accepte pas que "les journaux attaquent les valeurs religieuses".
"Nous n'allons pas fermer ces journaux, qui ne cherchent que cela, nous allons utiliser nos instruments de contrôle (...) Il faut d'abord mettre en garde, sans arrêter les gens", a-t-il dit.
Des "centaines d'associations culturelles" créées ces dernières années seront plus étroitement surveillées.
Les huit années de la présidence Khatami ont vu une relative libéralisation culturelle. Sans disparaître, la censure sur le cinéma, l'édition, le théâtre etc. s'est relâchée. Dans ces milieux, l'avènement de M. Ahmadinejad a suscité une profonde inquiétude.
Lundi, M. Ahmadinejad a de nouveau fait la promesse, formulée aussitôt après son élection, d'une "société islamique exemplaire".
Les Iraniens ont montré par leur vote leur volonté "de revenir aux idéaux de la Révolution", a-t-il dit selon l'agence officielle Irna.
"Toutes les activités politiques, économiques et culturelles du pays doivent tendre vers la réalisation des idéaux islamiques", a-t-il déclaré devant les gouverneurs de province.
"Le coeur et l'esprit d'un dirigeant révolutionnaire", a dit l'ancien officier de l'armée idéologique à l'adresse des gouverneurs, doit "être en harmonie avec les idéaux de l'islam et de la Révolution islamique".
En trois mois, M. Ahmadinejad a entrepris un vaste remaniement aux allures de purge dans l'appareil d'Etat, remplaçant les gouverneurs, changeant les directeurs de banques, rappelant les ambassadeurs.
"Les fidèles de l'enseignement divin de la pensée islamique font tout ce qui est dans leur pouvoir pour hâter la réapparition urgente" du Douzième Imam, a-t-il dit.