0.00 Vendredi 18 novembre sur ARTE
Film d'Abbas Kiarostami (Ten, France/Iran, 2002). Musique : Howard Blake. 90 mn. VO. Avec Mania Akbari : la femme au volant. Amin Maher : Amin
--------------------------------------------------------------------------------
Le dispositif est radical : tout se passe sur les deux sièges avant d'un véhicule dont on ne voit jamais la carrosserie. Au volant, une femme. Foulard blanc, beau visage, souvent masqué par de grosses lunettes fumées. A travers la vitre, on perçoit une ville (Téhéran). L'image tient comme jamais la main à la parole. ce couple abstrait, formel, est d'ailleurs le seul stable de l'histoire. Dans les couples humains que dessinent les conversations, tout au contraire vacille. Aux côtés de la conductrice, on verra (plusieurs fois) son jeune fils de 10 ans, Amin, qui supporte assez mal la nouvelle vie "libérée" de sa maman. Impatient, autoritaire, il est le seul représentant de la gent masculine. Sinon, ce sont des femmes qui défilent sur le siège du passager. Jeunes souvent, elles viennent épancher leurs déboires conjugaux. Un peu comme chez le psy - c'était d'ailleurs la première idée d'Abbas Kiarostami. Compatissante ou consolatrice, la dame au volant fait aussi parler une vieille sage et une pute rigolarde. La première va tous les jours prier au mausolée. Elle a tout perdu : mari, fils et biens. La seconde prétend aimer son métier, et s'étrangle au mot de "culpabilité". Deux cas de liberté. Exemplaires ? Kiarostami sait depuis longtemps comment fuir la théorie. Son film le plus sec sur le papier s'incarne ainsi, de manière aussi sûre qu'étrange, à travers des têtes qui parlent et qui ne sont pas toujours montrées. Un tour de force.