Ch'sais pas, pas encore vu...
En ce moment, c'est la mode des films sur la Première Guerre Mondiale, guerre de l'impérialisme et de l'absurdité du concept de nation s'il en est une.
Dans un tout autre genre, il y a aussi
Gallipoli de Tolga Örnek
- Citation :
- Ce documentaire retrace en toute objectivité la Bataille des Dardanelles, le deuxième plus grand débarquement de l'histoire mondiale, grâce à des lettres, photographies et documents jusqu'à présent inédits.
Gallipoli est un événement unique dans l'histoire : durant cette campagne de la Première Guerre mondiale, les adversaires firent preuve de courage, d'abnégation et d'endurance, mais aussi d'un grand respect mutuel, et devinrent des nations amies par la suite. La campagne de Gallipoli est relatée à travers les journaux intimes et la correspondance de 2 soldats britanniques, 3 Néo-Zélandais, 3 Australiens, et 2 Turcs.
La guerre est la seule " ennemie " de ce film. Tolga Ornek
C'est moi qui ai mis en gras. Trouvable
ici.
A la différence de Gallipoli, "Joyeux Noel" touche un
tabou de la guerre :
la véritable fraternisation sur le champ de bataille. Ce qui n'a strictement rien à voir avec le soit-disaint
respect de l'ennemi de toutes façons destiné à être étripé par le feu et la baillonnette et "un certain code de la chevalerie" très lié aux valeurs belliqueuses. Il faut savoir que dans les archives de l'armée française, l'épisode qui est porté sur les écrans 90 ans après (!) est à peine mentionné ("Joyeux Noël"). Les contributions historiques à ce film reposent d'ailleurs
surtout sur des journaux tenus par des soldats et des témoignages et pas du tout sur les rapports militaires sans quoi on serait passé à côté !
Il faut savoir aussi que c'est tout un système de pensée et de valeurs qui est remis en cause par cet épisode. Le courage, l'abnégation, le sens de l'honneur, toutes ces conneries, ça tient pendant les premières semaines de la guerre après, c'est invariablement le dégoût, la lassitude et l'incompréhension.
Il ne faut pas non plus oublier que les plus grands mouvements pacifistes ont vu le jour au lendemain de la Première Guerre Mondiale, entrainant dans leur sillage la création de la SDN qui fut comme même* un échec.
Les valeurs (honneur, courage, sens du sacrifice, connerie, connerie...) sont crées par les élites dans le but d'obtenir l'appui des gens qui en temps normal seraient paysans, ouvriers, travailleurs saisonniers car il faut vraiment être très con pour
vouloir combattre dans les tranchées.
Cf : une phrase d'un autre film sur la Première Guerre Mondiale, Capitaine Conan (qui a fait connaître l'acteur Philippe Torreton) ===>
La guerre, c'est nous [gens du peuple] qui l'avons faite mais c'est eux [les généraux, les politiciens] qui l'ont gagné.
Sur l'amitié entre les
nations, il faut vraiment être le dernier des cons pour croire que c'est les grosses boucheries qui en sont à l'origine.
On a tenté de faire croire que Verdun était à la base de l'amitié franco-allemande, ça n'a pas empêché la Seconde Guerre Mondiale.
L'amitié ? Il faut plutôt y voir l'intérêt convergent des Etats et par eux des élites, qui selon les parts qui peuvent se tailler dans un marché quel qu'il soit et après les
mises au point, arrivent toujours à se mettre d'accord. En attendant, les morts, le deuil, la pertes des gens, on ne la comble pas !
Il faut lire aussi l'analyse d'Orwell dans
1984 : trois Etats se disputent le monde selon le principe de la guerre perpétuelle, tantôt un Etat est allié avec un autre contre le dernier tantôt l'alliance change dans une répétition cyclique. Lorsque l'allié change, toute la propagande et les messages d'amitié changent aussi. L'allié d'hier devient un bourreau sanguinaire qu'il faut annihiler et inversément par rapport à l'ancien ennemi, ce qui n'est pas sans demander une pratique extrême de la modification textuelle de la part des fonctionnaires.
La guerre est
nécessaire aux nations parce qu'elle leur donne une justification pour exister et ensuite, elles détournent les masses des vrais intérêts : se nourrire, s'épanouir, vivre en famille.
Dans les films de Spielberg aussi à mon avis, on insiste beaucoup sur les valeurs militaires et donc on légitime la guerre et sa
nécessité.
Les rois nous saoulaient de fumées
Paix entre nous, guerre aux tyrans
Appliquons la grève aux armées
Crosse en l'air, et rompons les rangs
S'ils s'obstinent, ces cannibales
A faire de nous des héros
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.