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 Réflexion sur le travail par Boris Vian

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2 participants
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Jacky
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Jacky


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MessageSujet: Réflexion sur le travail par Boris Vian   Réflexion sur le travail par Boris Vian EmptyMer 20 Juil - 4:41

Boris Vian écrit dans un style volontairement naïf et enfantin mais il parle juste et touche au point de manière très précise. Il met le fond de sa pensée dans le dialogue entre ses deux principaux personnages qui vivent dans un monde enchanteur en parallèle de la société dans son roman très populaire L'écume des jours. La réflexion commence à la fin du chapitre XXIV et occupe quasi l'entièreté du chapitre XXV par ailleurs très court.
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Citation :
Brusquement, la route tourna de nouveau et ils se trouvèrent au milieu des mines de cuivre. Elles s'étageaient des deux côtés, de quelques mètres en contrebas. D'immenses étendues de cuivres verdâtre, à l'infini, déroulaient leur aridité. Des centaines d'hommes, vêtus de combinaisons hermétiques, s'agitaient autour des feux. D'autres empilaient, en pyramides régulières, le combustible que l'on amenait sans cesse dans des wagonnets électriques. Le cuivre, sous l'effet de la chaleur, fondait et coulait en ruisseaux rouges frangés de scories spongieuses et dures comme de la pierre. De place en place, on le rassemblait dans de grands réservoirs où des machines le pompaient et le transvasaient dans des tuyaux ovales.
-Quel travail terrible !... dit Chloé.
-C'est assez bien payé, dit Nicolas.
Quelques hommes s'étaient arrêtés pour voir passer la voiture. On ne voyait, dans leurs yeux, qu'une pitié un peu narquoise. Ils étaient larges et forts, ils avaient l'air inaltérable.
-Ils ne nous aiment pas, dit Chloé. Allons-nous-en d'ici.
-Ils travaillent... dit Colin.
-Ce n'est pas une raison, dit Chloé.
Nicolas accéléra un peu. La voiture filait sur la route craquelée, dans la rumeur des machines et du cuivre en fusion.
-On va bientôt rejoindre l'ancienne route, dit Nicolas.

[Note de ma part : début d'un nouveau chapitre, la réflexion sur le travail commence sur base du chapitre précédent :]

-Pourquoi sont-ils si méprisants ? demanda Chloé. Ce n'est pas tellement bien de travailler...
-On leur a dit que c'était bien, dit Colin. En général, on trouve ça bien. En fait, personne ne le pense. On le fait par habitude et pour ne pas y penser, justement.
-En tous cas, c'est idiot de faire un travail que des machines pourraient faire.
-Il faut construire des machines, dit Colin. Qui le fera ?
-Oh ! Evidemment, dit Chloé. Pour faire un oeuf, il faut une poule, mais, une fois qu'on a la poule, on peut avoir des tas d'oeufs. Il vaut mieux commencer par la poule.
-Il faudrait savoir, dit Colin, qui empêche de faire des machines. C'est le temps qui doit manquer. Les gens perdent leur temps à vivre, alors, il ne leur en reste plus pour travailler.
-Ce n'est pas plutôt le contraire ? dit Chloé.
-Non, dit Colin. S'ils avaient le temps de construire les machine, après ils n'auraient plus besoin de rien faire. Ce que je veux dire, c'est qu'ils travaillent pour vivre au lieu de travailler à construire des machines qui les feraient vivre sans travailler.
-C'est compliqué, estima Chloé.
-Non, dit Colin. C'est très simple. Ca devrait, bien entendu venir progressivement. Mais, on perd tellement de temps à faire des choses qui usent...
-Mais, tu crois qu'ils n'aimeraient pas mieux rester chez eux et embrasser leur femme et aller à la piscine et aux divertissements ?
-Non, dit Colin. Parce qu'ils n'y pensent pas.
-Mais, est-ce que c'est leur faute, si ils croient que c'est bien de travailler ?
-Non, dit Colin, ce n'est pas leur faute. C'est parce qu'on leur a dit : " Le travail, c'est sacré, c'est bien, c'est beau, c'est ce qui compte avant tout, et seuls les travailleurs ont droit à tout. " Seulement, on s'arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en profiter.
-Mais, alors, ils sont bêtes ? dit Chloé.
-Oui, ils sont bêtes, dit Colin. C'est pour ça qu'ils sont d'accord avec ceux qui leur font croire que le travail c'est ce qu'il y a de mieux. Ca leur évite de réfléchir et de chercher à progresser et à ne plus travailler.
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MessageSujet: Re: Réflexion sur le travail par Boris Vian   Réflexion sur le travail par Boris Vian EmptyLun 25 Juil - 20:39

Coucou

J'ai adoré ce roman! Il a trainé dans ma bibliothèque pendant 3 ans, puis un jour je me suis décidée à le lire. J'ai été subjuguée par le style et par les multiples "réflexions" des protagonistes de l'histoire.

Isin
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Réflexion sur le travail par Boris Vian
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